Démêler le vrai du faux autour du « net-zéro »
En matière de neutralité carbone, l’année 2025 a été forte en contradictions. Les phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes ont atteint des niveaux record1, et pourtant le recul de la réglementation (notamment aux États-Unis) a suscité des doutes quant à la volonté politique. Malgré ces difficultés, nous sommes convaincus que la transition climatique ne sera pas compromise. En effet, un mouvement généralisé en faveur d’une économie plus sobre en carbone se développe, non seulement en raison des préoccupations environnementales, mais aussi, de plus en plus, pour des raisons de croissance économique et d’efficacité.
Les données confirment un mouvement vers la décarbonation : un nombre croissant d’entreprises définissent des objectifs fondés sur la science et 90% des énergies renouvelables coûtent désormais moins que l’option fossile la moins onéreuse2.
Néanmoins, des mythes persistants continuent à influencer, voire à déformer, les stratégies d’investissement « net-zéro ». Dans cet article, nous remettons en question quatre idées fausses et expliquons pourquoi l’investissement dans les leaders de la transition climatique est un moyen efficace de garantir l’alignement des portefeuilles et de créer de la valeur.
Nous avons exploré ces thèmes dans notre récent webinaire: Démêler le vrai du faux dans l’investissement net zéro.
Regardez le replay
Mythe nº 1. La seule manière d’aligner le portefeuille sur la transition climatique consiste à se détourner des investissements à forte intensité de carbone.
Une approche prospective de la transition permet aux investisseurs de saisir les opportunités, de maintenir une bonne diversification en se positionnant dans tous les secteurs et de contribuer à une véritable décarbonation de l’ensemble de l’économie.
Le désinvestissement à lui seul ne suffit pas à atteindre une véritable décarbonation ou à garantir la résilience des portefeuilles et, souvent, n’est pas optimal. Certes, les approches à faible intensité de carbone peuvent réduire l’exposition aux secteurs sensibles au climat. Toutefois, dans la mesure où elles se positionnent uniquement dans les secteurs sobres en carbone, elles passent à côté de certaines opportunités d’investissement, ne contribuent pas à la réduction des émissions réelles et concentrent les risques au sein de ces secteurs.
Selon nous, le moyen le plus efficace de promouvoir la décarbonation est d’identifier et de privilégier les entreprises susceptibles de se décarboner plus rapidement que leurs pairs. Notre approche prospective identifie, dans l’ensemble de l’économie, y compris dans les secteurs à forte intensité de carbone, les entreprises qui progressent de façon crédible dans la réalisation d’objectifs de décarbonation conformes à l’Accord de Paris, qui ne sont peut-être pas encore reconnues par le marché, mais qui, une fois la décarbonation atteinte, joueront un rôle crucial dans la réduction des émissions réelles.
Notre outil propriétaire de hausse implicite de la température (« Implied Temperature Rise », ITR) évalue l’alignement des entreprises sur le « net-zéro » et l’exprime sous forme de mesure intuitive de la température. Cette mesure reflète le niveau de réchauffement climatique obtenu si tous les acteurs économiques géraient leurs émissions en fonction d’objectifs aussi ambitieux que ceux du portefeuille ou de l’entreprise envisagée. Cela nous permet d’identifier les leaders de la transition qui sont sous-évalués (y compris dans les secteurs difficiles à décarboner), d’investir dans tous les secteurs de l’économie et de fournir des capitaux aux entreprises ayant entamé leur transformation, afin d’accélérer la transition « net-zéro ».
En savoir plus : Repenser une allocation de base alignée sur le « net-zéro »
Une allocation aux actions phares pour l’investissement climatique
Les portefeuilles TargetNetZero Equities sont conçus pour fournir aux investisseurs une allocation aux actions phares.
Nous visons une température du portefeuille inférieure à 2 °C, en vue d’une décarbonation significative par rapport à l’indice de référence, tout en maintenant le tracking error à 1%3.
|
Mythe nº 2. Les indicateurs prospectifs sont incertains, nous ne pouvons donc pas investir de façon fiable à partir de ces données.
Tous les indicateurs comportent une part d’incertitude. La solution consiste à quantifier cette incertitude et à l’intégrer à la construction du portefeuille, afin d’optimiser celui-ci.
Tout indicateur comporte une part d’incertitude, qu’il s’agisse des prévisions météorologiques ou des attentes en matière d’inflation. Il en est de même pour les données extra-financières. L’incertitude peut émaner de la qualité des informations déclarées par le passé ou de l’estimation de la capacité probable d’une entreprise à atteindre ses objectifs de décarbonation dans un monde en constante évolution.
Néanmoins, nous pouvons atténuer les conséquences de cette incertitude en la mesurant avec précision, en exploitant pour cela toutes les informations disponibles et utilisées dans le modèle ITR. Notre modèle ITR étant propriétaire, nous connaissons précisément les données qui y sont intégrées et les hypothèses utilisées pour la modélisation, ce qui nous permet de mesurer l’incertitude de façon plus rigoureuse. Le modèle de Monte-Carlo nous permet d’estimer cette incertitude et de l’intégrer à la construction de notre portefeuille, qui est ainsi plus robuste dans l’optique du « net-zéro ».
Nous cherchons également à aligner nos portefeuilles sur leurs objectifs climatiques d’une façon optimale, car nous sommes convaincus qu’un portefeuille optimisé intègre des facteurs susceptibles d’améliorer le rendement.
Mythe nº 3. Un recul climatique des États-Unis empêchera d’aligner les portefeuilles sur un scénario de hausse de la température de 2 °C.
Même si les entreprises américaines revenaient à leurs trajectoires d’émissions historiques, une sélection de titres rigoureuse et une réorientation vers les entreprises européennes et asiatiques pourraient préserver l’alignement climatique au sein de toute stratégie mondiale.
Nous avons analysé l’incidence potentielle d’un retournement des politiques sur les notes ITR des entreprises et modélisé trois scénarios pour évaluer les conséquences du changement de comportement des entreprises :
- Confirmation des ambitions : les entreprises réalisent pleinement tous les objectifs de décarbonation annoncés
- Statu quo : les entreprises reviennent à leurs trajectoires d’émissions historiques, sans tenir compte des objectifs futurs
- Scénario de base : un scénario intermédiaire qui reflète les attentes actuelles. Il combine les émissions passées et les objectifs futurs.
L’incidence du recul climatique des États-Unis sur l’indice de référence serait significative : dans le cadre du scénario de statu quo, l’ITR du MSCI World augmenterait de 2,5 °C à 2,7 °C4. Toutefois, un abandon total des engagements climatiques nous semble peu probable. En conséquence, afin de refléter des résultats plus réalistes, nous avons modélisé des changements de crédibilité intermédiaires, ce qui nous a permis d’évaluer la sensibilité dans un large éventail de résultats allant d’une réalisation totale des objectifs à un retournement intégral.
Même avec les hypothèses les plus extrêmes de notre étude (un retour total des entreprises américaines aux tendances d’émissions historiques), nous avons pu construire un portefeuille mondial aligné sur une trajectoire de 2 °C, en nous tournant de plus en plus vers les entreprises européennes et asiatiques. Pour maintenir la diversification et gérer le risque macroéconomique, au lieu de modifier les allocations entre les régions, nous préférons mettre l’accent sur la sélection des titres au sein des régions. Nous privilégions ainsi les acteurs de la transition et réduisons l’exposition aux retardataires en Europe et en Asie. La contribution de ces régions au tracking error augmenterait, mais le tracking error global se maintiendrait largement en deçà de 1%5.
GRAPHIQUE 1. Maintenir l’ITR des portefeuilles TNZ en deçà de 2 °C tout en préservant la diversification6
Cette analyse met en lumière la résilience de notre stratégie : en intégrant différents scénarios de crédibilité et en maintenant une construction de portefeuilles rigoureuse, nous pouvons maintenir l’alignement des portefeuilles sur les objectifs climatiques sans compromettre la diversification ou le contrôle des risques.
En savoir plus : Préserver l’alignement des portefeuilles actions sur la décarbonation face au retournement des politiques climatiques américaines
Mythe nº 4. Les investisseurs se détournent de la thématique du climat, dont les performances ne présentent aucun potentiel haussier.
Les stratégies à faibles émissions de carbone, qui dominent actuellement, passent à côté des opportunités offertes par les entreprises dont les émissions sont élevées, mais dont les plans de décarbonation sont crédibles. Notre historique de performance prouve que le thème du « net-zéro » peut être synonyme de croissance pour les investisseurs actifs et peut créer de la valeur au sein des portefeuilles.
La plupart des stratégies climatiques sont des variantes de la sobriété carbone, y compris les indices de référence « Accord de Paris ». Cela a entraîné une dévaluation généralisée des entreprises à forte intensité de carbone, quel que soit leur potentiel de transition. Nous estimons que cela crée un potentiel haussier pour les entreprises qui se décarbonent activement et respectent leurs engagements climatiques, même si leurs émissions demeurent élevées.
Notre approche prend le contre-pied de l’investissement sobre en carbone, en privilégiant les leaders de la transition dans les secteurs à fortes émissions, c’est-à-dire les entreprises ayant défini des plans de réduction des émissions crédibles et alignés sur l’Accord de Paris. Ces entreprises sont essentielles à une véritable décarbonation et pourraient créer une valeur substantielle au sein des portefeuilles.
En 2024, nos stratégies TargetNetZero en actions ont parfaitement illustré ce potentiel. La composante « net-zéro », qui utilise l’ITR pour aligner les portefeuilles sur une trajectoire de 2 °C, a clairement contribué à la surperformance, notamment à celle de notre stratégie mondiale7.
GRAPHIQUE 2. Contribution de la composante « net-zéro » à la surperformance, 2021-20258
En savoir plus : Participer à la hausse des marchés tout en profitant des biais en faveur du « net-zéro »
Trajectoire vers le « net-zéro »
La transition vers une économie plus sobre en carbone modifie sans cesse les conditions d’investissement, pour des raisons de croissance économique et d’efficacité. En mettant l’accent sur les leaders de la lutte contre le changement climatique et en intégrant l’incertitude à la construction de leurs portefeuilles, les investisseurs peuvent maintenir leur alignement sur les objectifs « net-zéro », tout en identifiant des opportunités tangibles de création de valeur à long terme. La clarté et la précision dans la construction des portefeuilles sont essentielles pour démêler le vrai du faux.
découvrez notre stratégie TargetNetZero Equity.