Préserver l’alignement des portefeuilles actions sur la décarbonation face au retournement des politiques climatiques américaines

Nicolas Mieszkalski -  Portfolio Manager
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Préserver l’alignement des portefeuilles actions sur la décarbonation face au retournement des politiques climatiques américaines

points clés.

  • Les retournements des politiques climatiques des Etats-Unis ont rendu nécessaire une évaluation des retombées potentielles sur la hausse implicite de la température (ITR) de nos stratégies TargetNetZero (TNZ)
  • Notre analyse simule l’impact sur l’alignement de la température du retour des sociétés au statu quo en matière d’émissions 
  • Pour maintenir notre objectif d’ITR inférieur à 2 °C, nous prévoyons que nous devrons davantage nous tourner vers les sociétés européennes et asiatiques, et mettre l’accent sur la sélection des titres pour préserver la diversification.

Depuis son investiture au mois de janvier, le président Trump a signé une série de décrets et de déclarations au sujet de la politique climatique des Etats-Unis. Il a notamment retiré le pays de l’Accord de Paris, réduit les incitations en faveur des énergies renouvelables et promu le développement des combustibles fossiles.

Plus généralement, si dans l’ensemble, les émissions mondiales continuent d’augmenter, celles de l’Occident s’inscrivent clairement sur une tendance baissière. Les progrès au niveau régional illustrent un passage plus généralisé à une économie peu émettrice de carbone, non seulement en raison de préoccupations environnementales, mais aussi, de plus en plus, sur la base de critères économiques et d’efficacité. Nous sommes toutefois conscients que cette transition n’est pas linéaire. Les freins politiques et l’incertitude des politiques peuvent provoquer des contretemps, qui rendent la progression inégale.

Lire aussi : Course contre l’indice de référence pour décarboner les portefeuilles

Scénarios d’évaluation pour les émissions des sociétés

Pour prendre en compte le recul des politiques climatiques des Etats-Unis, nous évaluons les conséquences potentielles d’un retour au statu quo de la part des entreprises américaines plutôt qu’une accélération de leurs efforts de décarbonation. Même si nous n’avons encore observé aucune révision des objectifs de décarbonation par les sociétés américaines en réaction aux récents retournements de politiques, nous étudions l’impact potentiel sur leurs notes de hausse implicite de température (ITR). Nous partons pour cela du principe que les sociétés agiront plutôt conformément à leur comportement passé qu’en fonction des engagements futurs annoncés.

Pour mieux comprendre les répercussions potentielles d’un tel changement de comportement, nous analysons trois scénarios, qui sont présentés dans la Figure 1 :

  • Confirmation des ambitions : les sociétés réalisent pleinement tous les objectifs de décarbonation annoncés ;
  • Statu quo : les sociétés reviennent à leurs trajectoires d’émissions historiques, sans tenir compte des objectifs futurs ;
  • Scénario de base : un scénario intermédiaire qui reflète les attentes actuelles. Il combine les émissions passées et les objectifs futurs.

Le scénario de base constitue la vision la plus réaliste de l’alignement sur les objectifs climatiques des entreprises à l’heure actuelle. Au lieu de prendre les objectifs fixés par les sociétés pour argent comptant, nous évaluons la crédibilité de ces cibles et ajustons leur influence en conséquence. Nous obtenons un mélange des émissions passées et projetées pondéré par la crédibilité. Celui-ci est ensuite utilisé pour calculer l’ITR de chaque société.

FIGURE 1. Trois scénarios d’émissions1

Pour simuler un passage au scénario du statu quo, nous réduisons le poids attribué à la crédibilité des objectifs futurs (jusqu’à une suppression totale), ce qui revient à retrouver les tendances d’émissions historiques. En d’autres termes, nous nous appuierons plus qu’actuellement sur les tendances d’émissions passées. Nous pourrons ainsi évaluer l’effet du retour au statu quo d’une société sur l’alignement de sa température.

Scénario de base : comprendre la dynamique actuelle

Compte tenu des tendances d’émissions historiques des sociétés et de leurs ambitions en matière de décarbonation, pondérées par la crédibilité actuelle de ces objectifs, l’ITR de base des sociétés américaines de l’indice MSCI World s’élève à 2,7 °C. A titre de comparaison, l’ITR de l’ensemble du MSCI World est légèrement inférieure, à 2,5 °C.

A première vue, la température relativement élevée pour les Etats-Unis peut paraître étonnante étant donné que le pays constitue, avec plus de 70%, la première allocation au sein du MSCI World. Néanmoins, il est important de prendre en compte le contexte régional plus large, comme le montre la Figure 2.

Les sociétés européennes, par exemple, affichent généralement des ITR inférieures en raison de solides efforts de décarbonation historiques et de cibles plus ambitieuses, dont les niveaux de crédibilité sont comparables à leurs homologues américaines. En même temps, les émissions de CO2 moyennes des entreprises européennes sont plus élevées que celles des firmes américaines. C’est en grande partie dû au fait que l’économie européenne est plus industrielle, tandis que l’économie américaine est davantage tournée vers les services.

Par conséquent, l’Europe a plus d’influence sur l’ITR de l’ensemble du MSCI World que ne le laisse supposer sa part dans l’indice. Lorsque les ITR régionales sont additionnées, les émissions supérieures de régions à l’ITR plus faible, telles que l’Europe, contribuent à réduire l’ITR mondiale.

Calcul de l’ITR d’un portefeuille : la taille joue un rôle important

On pense souvent, à tort, que l’ITR d’un portefeuille est une simple moyenne des ITR des sociétés qui s’y trouvent, pondérées par la taille de leur position dans le portefeuille. Ce n’est pas le cas : les sociétés aux émissions élevées ont un impact beaucoup plus élevé sur le portefeuille, indépendamment de leur pondération.

Par exemple, pour calculer l’efficacité énergétique d’une flotte de véhicules, vous ne vous contenterez pas de faire la moyenne des efficacités énergétiques des différents véhicules en fonction de leur nombre. Vous chercherez plutôt à savoir combien de carburant est consommé par chaque véhicule. Un poids lourd qui consomme beaucoup de carburant affectera nettement plus la moyenne de la flotte qu’une petite voiture très économe, même si ces dernières sont plus nombreuses. De même, dans un portefeuille, une société aux émissions élevées peut avoir un impact nettement plus significatif sur l’ITR total que ce que sa pondération dans le portefeuille pourrait suggérer.


FIGURE 2. Ratio d’investissement carbone (CIR) et ITR par région2

Mauvaises nouvelles pour l’action climatique, et retombées diverses sur les secteurs

Les sociétés se fixent généralement des objectifs plus ambitieux que leurs efforts de décarbonation passés. Les ITR de notre scénario de confirmation des ambitions ont donc tendance à être inférieures au scénario de base et au statu quo. Si les sociétés revenaient intégralement au statu quo, l’ITR des Etats-Unis grimperait de 2,7 °C à 3,4 °C, comme le montre la Figure 3.

FIGURE 3. ITR de la partie américaine du MSCI Worl3

La différence entre les ITR selon ces deux scénarios varie fortement d’un secteur à un autre, ce que montre la Figure 4. Par exemple, les tendances d’émissions passées dans l’énergie et les services publics sont proches de leurs ambitions en matière de décarbonation. En revanche, les secteurs des matériaux et de la consommation prévoient d’intensifier significativement leurs efforts de décarbonation. En cas de scénario de retour au statu quo, les secteurs présentant la différence la plus marquée seront les plus affectés.

FIGURE 4. Effet sur l’ITR des différents scénarios par rapport au scénario le plus ambitieux, par secteur4

Lire aussi : Participer à la hausse des marchés tout en profitant des biais en faveur du « net-zéro »

Comment les stratégies TargetNetZero vont-elles s’adapter au recul des Etats-Unis en matière de climat ?

Nos stratégies TargetNetZero privilégient les entreprises en transition qui devraient se décarboner plus rapidement que le reste de leur secteur, car elles ont fixé des objectifs conformes à l’Accord de Paris et disposent de stratégies crédibles en matière de décarbonation. Nous cherchons à aligner notre portefeuille sur un scénario de hausse de température inférieure à 2 °C tout en maintenant une diversification étendue au niveau des secteurs, des pays et des styles de placement afin de créer une composante de base pour les investisseurs. Par conséquent, les stratégies maintiennent généralement un tracking error situé entre 0,5% et 1%.

En cas de scénario de retour au statu quo aux Etats-Unis, notre objectif sera de ne pas modifier le processus d’investissement de notre stratégie d’actions mondiales TargetNetZero. C’est pourquoi, dans cette analyse, malgré ce scénario de retour au statu quo aux Etats-Unis, nous viserons une ITR inférieure à 2 °C pour les portefeuilles, sans modifier nos objectifs et nos contraintes en matière d’optimisation.

Evaluer l’impact

L’impact du retournement des politiques climatiques américaines sur l’indice de référence est significatif : comme le montre la Figure 5, son ITR passerait de 2,5 °C à 2,7 °C.

Il ne s’agit toutefois que d’une possibilité parmi d’autres. En réalité, les sociétés ne renonceront pas nécessairement à leurs objectifs climatiques. Pour en tenir compte, nous avons également intégré des changements de crédibilité intermédiaires. Nous avons ainsi pu étudier un large éventail de résultats allant d’une réalisation totale des objectifs à un retournement intégral. Ces scénarios nous aident à mieux comprendre la sensibilité de l’indice de référence et de notre stratégie à différents niveaux de crédibilité des objectifs.

Même avec les hypothèses les plus extrêmes (un retour total des sociétés américaines aux tendances d’émissions historiques), nous parvenons à construire un portefeuille aligné sur une trajectoire de 2 °C.

FIGURE 5. ITR du portefeuille et de l’indice en cas de retour au statu quo aux Etats-Unis5

Maintenir une ITR inférieure à 2 °C tout en préservant la diversification

Avec le retour des Etats-Unis au statu quo, le nombre de sociétés qui réalisent leur transition vers une économie peu émettrice de carbone diminuera. Par conséquent, nous devons compter de plus en plus sur des entreprises européennes et asiatiques pour aligner le portefeuille sur un scénario inférieur à 2 °C. Pour maintenir la diversification et gérer le risque macroéconomique, nous ne toucherons pas à nos contraintes actuelles en matière d’allocation régionale, afin de garantir l’alignement sur l’indice de référence. Ainsi, au lieu de modifier les allocations entre les régions, nous allons plutôt mettre l’accent sur la sélection des titres au sein des régions. Nous privilégierons les acteurs de la transition et réduirons l’exposition aux retardataires en Europe et en Asie. La contribution de ces régions au tracking error va donc augmenter, comme le montre la Figure 6.

FIGURE 6. Contribution au tracking error par région en cas de retour au statu quo aux Etats-Unis6

Même si la répartition géographique du tracking error pourrait enregistrer de légères variations, le niveau d’ensemble restera bien inférieur à 1%. De plus, nous sommes en mesure de maintenir toutes les contraintes d’optimisation. Nous pourrons ainsi faire en sorte que toutes nos pondérations actives par pays, par secteur et par action soient gérées avec la même rigueur qu’aujourd’hui.

Une stratégie résiliente

Pour mieux connaître les effets du repli de l’action climatique américaine sur notre stratégie TargetNetZero Global Equity, nous avons réalisé une analyse quantitative portant sur un changement de situation aux Etats-Unis, toutes choses restant égales par ailleurs. Même si nous admettons qu’un tel changement pourrait avoir des répercussions mondiales plus étendues, ces effets devraient être moins marqués que ce que l’on peut observer aux Etats-Unis.

Cette analyse met en lumière la résilience de notre stratégie, lorsqu’elle est testée face à un retour en arrière des politiques climatiques américaines. En intégrant différents scénarios de crédibilité et en maintenant une construction de portefeuilles rigoureuse, nous pouvons rester alignés sur une trajectoire de hausse inférieure à 2 °C sans compromettre la diversification ou le risque.

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[1] Source : LOIM. Uniquement à titre indicatif.
[2] Source : Lombard Odier Investment Managers, au 30 avril 2025. Uniquement à titre indicatif.
[3] Source : Lombard Odier Investment Managers, au 30 avril 2025. Uniquement à titre indicatif.
[4] Source : Lombard Odier Investment Managers, au 30 avril 2025. Uniquement à titre indicatif.
[5] Source : Lombard Odier Investment Managers, au 30 avril 2025. Indice de référence : MSCI World. Uniquement à titre indicatif.
[6] Source : Lombard Odier Investment Managers, au 30 avril 2025. Indice de référence : MSCI World. Tracking error : ex-ante. Uniquement à titre indicatif.

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