Depuis le début de l’année, les gérants de portefeuilles du monde entier font face à une mini-révolution et composent avec une rotation claire entre les gagnants et les perdants sur les marchés des actions. Ceux qui ont eu le vent en poupe au cours de la période 2021-2024 ont été clairement identifiés. Sur les marchés développés, les sociétés technologiques américaines ont dominé sans partage, tandis que, dans l’univers émergent, l’Inde a brillé. Un portefeuille concentré sur ces segments aurait affiché des performances spectaculaires au cours de cette période. Cependant, les vents ont tourné depuis le début de cette année. Dans un premier temps, une rotation a permis à l’Europe de passer en tête et à la Chine de se montrer solide après l’épisode Deepseek2. Les mesures prises par la Maison Blanche ont ensuite eu un effet catalyseur sur cette réorientation.
Cette semaine, Simply put propose une évaluation de fin de semestre de l’impact de Trump sur les leaders des marchés actions. Nous constatons que les effets sur le profil de rentabilité/risque des marchés (en d’autres termes, plus le risque est élevé, plus la récompense l’est aussi, et vice versa) ont certes été marqués, mais ils sont aussi plus subtils qu’il n’y paraît à première vue.
En savoir plus : Les swaps sur défaillance américains indiquent un risque en hausse.Les investisseurs doivent-ils s’inquiéter ?
Les anciens champions détrônés
Il existe un moyen simple de comprendre les changements profonds qui affectent les marchés actions : étudier le classement des indices d’actions régionaux sur différentes périodes. Ces indices peuvent être à la fois classés selon leur performance et selon leur risque. La figure 1 compare le classement de quinze indices régionaux MSCI sur deux périodes, la période post-COVID (2021-2024) et l’année 2025. L’objectif est de visualiser ce qui a changé sur le marché. La Maison Blanche a-t-elle affecté les rendements, les risques, ou l’ensemble de la relation risque/rendement ?
Nos observations sont claires :
- Nous constatons une relation décroissante entre ces séries de classements. Les champions ayant le plus rebondi entre 2021 et 2024 sont devenus les retardataires de 2025 : actions américaines, Inde et Japon. À l’inverse, la Chine, le Mexique, le Brésil et l’Allemagne sont les gagnants de cette année (en monnaie locale), alors qu’ils étaient les perdants de la période précédente
- Le rapport avec le risque s’est néanmoins renforcé : les marchés les plus volatils en 2025 sont également ceux qui l’étaient au cours de la période précédente.
La rotation enregistrée en 2025 a donc principalement affecté les rendements, plutôt que le risque relatif entre les indices. Il apparaît clairement que le marché essaie encore de réévaluer les perspectives de performance des différentes régions.
GRAPHIQUE 1. Classement comparatif des performances et des risques des indices régionaux MSCI sur deux périodes3
Retour à une structure de propension au risque plus saine
L’analyse de l’évolution des classements fait apparaître un autre élément : la relation entre le rendement et le risque sur les deux périodes – souvent plus facile à représenter sous la forme d’un graphique de frontière efficiente. La figure 2 illustre la relation entre le rendement et le risque : ce dernier est mesuré en abscisse, et le rendement sur l’axe vertical. La pente ascendante n’est pas étonnante : elle indique qu’un risque plus diversifié devrait se traduire par un rendement plus élevé.
Le graphique met en lumière l’évolution de la frontière efficiente formée par ces 15 indices sur les deux périodes. Ce dernier met en évidence l’effet que la Maison Blanche a eu sur l’ensemble des opportunités d’investissement au niveau mondial. Voici ce qui est surprenant : sur la période 2021-2024, les indices les moins risqués ont paradoxalement affiché les meilleures performances, tandis qu’à l’inverse, les plus risqués ont généré les rendements les plus faibles (une relation risque/rendement inversée, qui est plutôt caractéristique des périodes de récession).
En 2025, cette relation s’est normalisée : les indices les plus volatils sont désormais ceux qui génèrent des rendements supérieurs. C’est le signe d’un retour à une propension au risque plus solide et plus équilibrée, que nos signaux continueront à surveiller de près. Certains de nos signaux de propension au risque utilisent précisément la relation entre la rotation des indices et la psychologie des marchés pour suivre la propension au risque. Il s’agit donc d’un signal auquel nous prêtons une attention particulière.
GRAPHIQUE 2. Comparaison rentabilité/risque entre les indices d’actions régionaux de MSCI4
En savoir plus : Le plan fiscal de Donald Trump va-t-il fonctionner ?
Implications en matière d’investissement pour les investisseurs multi-actifs
All Roads peut en tirer un message simple et clair : nous devons nous en tenir à notre processus et diversifier. Bien que la diversification puisse souffrir au cours de certaines périodes pluriannuelles (il arrive parfois que des expositions diversifiées aux actions ou une exposition structurelle aux matières premières ne soient temporairement pas récompensées en termes de performance), les données à long terme montrent que la diversification est une source de robustesse sur le long terme, comme l’illustrent les 14 dernières années de performance de l’ensemble de nos solutions. Nous sommes actuellement proches d’un positionnement neutre entre actifs de croissance et de protection. En outre, l’exposition totale au marché est légèrement inférieure à nos moyennes historiques.
En d’autres termes, Simply put, les perspectives de bénéfices ont peut-être été perturbées par les événements observés jusqu’à présent en 2025, mais ceux-ci ont rétabli un semblant d’ordre dans la relation entre le rendement et le risque sur les marchés d’actions.
Indicateurs macro/en temps réel
Nos indicateurs en temps réel propriétaires de dernière génération dédiés à la croissance mondiale, à l’évolution inattendue de l’inflation et des politiques monétaires au niveau mondial sont conçus pour suivre la progression récente des facteurs macroéconomiques qui animent les marchés.
Nos indicateurs en temps réel montrent actuellement que :
- Notre indicateur en temps réel de la croissance a reculé au cours de la semaine, en particulier aux États-Unis, et il reste actuellement dans une zone basse mais en hausse
- Notre indicateur en temps réel de l’inflation a lui aussi fléchi au niveau mondial cette semaine, bien qu’il reste largement supérieur à 50% aux États-Unis et dans la zone euro
- Notre indicateur de politique monétaire est resté stable dans la zone euro, tandis qu’il a légèrement diminué aux États-Unis et en Chine et se situe sous le seuil de 50%.
Indicateurs en temps réel pour la croissance mondiale : évolution à long terme (à gauche) et récente (à droite)
Indicateurs en temps réel pour l’inflation mondiale : évolution à long terme (à gauche) et récente (à droite)
Indicateurs en temps réel pour la politique monétaire mondiale : évolution à long terme (à gauche) et récente (à droite)
Note de lecture : les indicateurs en temps réel de LOIM rassemblent différents indicateurs économiques à un moment précis, afin de déterminer la probabilité de survenance d’un risque macroéconomique donné, comme la croissance, les surprises en matière d’inflation et les surprises en matière de politique monétaire. L’indicateur en temps réel va de 0% (croissance faible, surprises en matière d’inflation modérées et politique monétaire accommodante) à 100% (croissance forte, risque élevé de surprises en matière d’inflation et politique monétaire restrictive).