La Banque nationale suisse ouvre la porte à de nouvelles baisses

Markus Thöny - Head of Swiss Fixed Income
Markus Thöny
Head of Swiss Fixed Income
Philipp Burckhardt, CFA - Fixed Income Strategist and Senior Portfolio Manager
Philipp Burckhardt, CFA
Fixed Income Strategist and Senior Portfolio Manager

points clés.

  • Lors de sa réunion de septembre, la BNS a abaissé son taux directeur de 25 pb, pour le faire passer à 1%, marquant la fin du mandat de Thomas Jordan à sa présidence
  • A en juger par le ton accommodant de son communiqué de presse et par la baisse de la prévision d’inflation, nous pensons que la BNS abaissera à nouveau ses taux d’intérêt en décembre
  • A l’avenir, la monnaie et l’environnement externe seront probablement les principaux facteurs qui dicteront l’évolution de la politique monétaire suisse.

En septembre, lors de la dernière réunion sous la présidence de Thomas Jordan, la Banque nationale suisse a clos un chapitre et en a ouvert un autre, laissant entrevoir de nouvelles baisses des taux d’intérêt. De la dernière prévision d’inflation à la force du franc suisse, nous examinons les perspectives des taux d’intérêt en Suisse. 

Restez calmes et allez de l’avant : la fin de l’ère Jordan

La réunion de septembre a marqué la fin de l’ère Thomas Jordan à la tête de la Banque nationale suisse (BNS). Tout au long de son mandat, son approche calme, cohérente et réfléchie a orienté la politique monétaire de la banque centrale. 

La réduction du taux directeur à 1% en septembre, soit la limite supérieure de ce que nous considérons comme un taux neutre, c’est-à-dire un niveau ni restrictif, ni expansionniste, témoigne de son style. Son respect du mandat de la BNS, qui consiste à assurer la stabilité des prix, a été inconditionnel et inébranlable tout au long de ses douze années en poste. Et, à l’avenir, peu de choses font obstacle aux perspectives de croissance constructives de la Suisse à moyen terme, ce qui consolide encore l’héritage positif de Thomas Jordan. 

Les préoccupations économiques resteront toutefois une constante pour son successeur, Martin Schlegel. La faiblesse des partenaires d’exportation de la Suisse pourrait-elle obliger la BNS à assouplir à nouveau sa politique monétaire ? Et la force du franc suisse suscite-t-elle encore des inquiétudes ? 

L’économie suisse ne semble pas être complètement tirée d’affaire. 

La porte ouverte à de nouvelles baisses

A la veille de la décision de la BNS, la baisse de 50 pb de ses taux d’intérêt par la Réserve fédérale américaine (Fed) lors de sa réunion de septembre avait laissé présager, à l’encontre du consensus, que la BNS lui emboîterait le pas. Contre toute attente, la BNS a réduit son taux directeur de 25 pb, mais a laissé la porte ouverte à de nouvelles baisses en adoptant un ton plus accommodant dans son examen de la situation économique et monétaire et en abaissant significativement sa prévision d’inflation.

Le communiqué de presse de septembre indiquait : « d’autres baisses de taux peuvent s’avérer nécessaires au cours des prochains trimestres pour assurer la stabilité des prix à moyen terme. » Ces propos contrastent avec le communiqué de presse du mois de juin dans lequel la BNS avait déclaré qu’elle surveillerait de près l’inflation et qu’elle adapterait, « si nécessaire », sa politique monétaire. 

La prévision d’inflation conditionnelle de la BNS a également fortement diminué, comme le montre le graphique 1. Nous pensons qu’il s’agit là d’un message clair de la part de la banque centrale, qui continuera à réduire ses taux d’intérêt, mais le fera de manière ordonnée. Il convient de noter que la dernière prévision est désormais entièrement alignée sur celle de l’institut suisse de recherche économique KOF : ils prévoient tous deux une inflation de 0,50% d’ici à la fin de 2025. La baisse des prévisions du groupe de réflexion, publiées avant la réunion de la BNS, avait été un autre facteur laissant penser que la banque centrale réduirait ses taux d’intérêt de 50 pb. 

GRAPHIQUE 1. Prévision d’inflation conditionnelle de la BNS, septembre 20241

Nous pensons que la BNS abaissera à nouveau ses taux d’intérêt en décembre. La prévision d’une baisse de l’inflation indique clairement qu’elle poursuivra son cycle d’assouplissement monétaire, tandis que le ton accommodant laisse entendre qu’elle est disposée à procéder à de nouvelles baisses. A partir de l’année prochaine, nous nous attendons à ce que des facteurs externes, à savoir la monnaie, l’évolution de l’économie de la zone euro et l’inflation, donne le ton de la politique monétaire. 

Après décembre : le franc et les exportations

Compte tenu de la dépendance du pays à l’égard des exportations et du statut de valeur refuge de la monnaie, le franc suisse est un facteur déterminant pour les taux d’intérêt de la BNS. Dans son dernier communiqué de presse, la BNS a réitéré qu’elle restait « disposée à être active au besoin sur le marché des changes » et affirmé que « les effets modérateurs de la récente appréciation [du franc] sur la croissance devraient s’estomper » progressivement.

La situation économique des principaux partenaires commerciaux de la Suisse, à savoir l’Allemagne et la zone euro en général, devrait également orienter la future politique monétaire. Par exemple, nous craignons qu’une éventuelle faiblesse de la zone euro ne provoque un choc de croissance à l’extérieur et n’affecte la demande d’exportations suisses. 

Parmi les données peu encourageantes, nous pouvons citer la chute de l’indice des directeurs d’achat (PMI) allemand à des niveaux précaires (voir graphique 2), ce  qui pourrait annoncer une détérioration des conditions susceptibles d’entraîner une baisse de la demande pour les exportations suisses.

GRAPHIQUE 2. Emploi : indices PMI composites provisoires2

Les exportations sont déterminées par deux facteurs : le volume des ventes, qui est sensible aux chocs de croissance, et le coût des marchandises, dans lequel intervient, pour la Suisse, le taux de change. Par conséquent, nous considérons que la BNS doit maintenir le franc suisse à un niveau peu élevé pour compenser l’affaiblissement potentiel de la croissance des pays voisins.

Nous relevons qu’en cas de détérioration de la croissance au sein de la zone euro, la Banque centrale européenne (BCE) pourrait assouplir sa politique monétaire. Des baisses des taux d’intérêt dans la zone euro, qui renforceraient le franc suisse par rapport à l’euro, ne seraient pas bien accueillies par la BNS.

Vers de nouvelles baisses des taux d’intérêt ?

« A en juger par le ton de son communiqué de presse et par sa prévision d’inflation, la Banque nationale suisse semble tout à fait disposée à abaisser son taux directeur en décembre. » La réduction décidée en septembre n’est pas une mesure isolée, mais ouvre plutôt la porte à d’autres mesures d’assouplissement. A l’avenir, nous pensons que la BNS s’orientera en fonction du franc, des exportations et de la croissance de la zone euro. 

L’ère de la présidence de Thomas Jordan s’est achevée par un passage de témoin en douceur à Martin Schlegel. Il n’y a cependant pas lieu de se reposer sur ses lauriers, compte tenu des défis économiques qui nous attendent. 

2 sources
afficher les sources.
+
1Office fédéral de la statistique (OFS), BNS. Au 26 septembre 2024. Uniquement à titre indicatif.
2 Markit. Uniquement à titre indicatif. Au 26 septembre 2024.

informations importantes.

Réservé aux investisseurs professionnels.
Le présent document est une communication d’entreprise et est exclusivement destiné aux investisseurs professionnels. 
Le présent document est une communication d’entreprise exclusivement destinée aux investisseurs professionnels et ne constitue pas une communication de marketing relative à un fonds, à un produit d’investissement ou à des services d’investissement dans votre pays. Le présent document ne constitue en aucun cas un conseil en matière d’investissement, de fiscalité, de comptabilité, ni un conseil professionnel ou juridique.

En savoir plus.

Actualités.