La première baisse de taux d’intérêt introduite par la Réserve fédérale américaine (Fed) en 2025 découlait d’une nécessité économique. Pourtant, même si la banque centrale s’inquiète un peu plus de la détérioration du marché de l’emploi aux Etats-Unis, nous pensons que le potentiel de croissance économique l’emporte sur la possibilité d’un repli. Les dépenses d’investissement consacrées à l’IA continuent à augmenter, la Chine et les marchés émergents affichent des performances robustes et l’Europe n’a pas encore révélé son plein potentiel dans le cycle actuel. Nous pensons qu’il est judicieux de maintenir les investissements, sans toutefois négliger les risques à court terme en parallèle avec les opportunités à moyen terme.
Maintien des investissements et sélectivité pour un positionnement neutre
Les marchés affichent de solides performances depuis le début de l’année, tous les indices des actions et du crédit ayant progressé. Ces résultats découlent de trois facteurs.
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Premièrement, les effets des droits de douane se sont avérés largement inférieurs aux prévisions, tant pour la croissance que pour l’inflation, aux Etats-Unis et dans le reste du monde.
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Deuxièmement, les bilans des entreprises restent sains, suggérant que la structure de l’économie mondiale (hors dette publique) est solide.
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Troisièmement, sachant que de nouvelles baisses de taux d’intérêt sont attendues de la part de la Fed, les marchés sont capables de progresser davantage, notamment les titres de petite et de moyenne capitalisation qui sont particulièrement sensibles aux conditions de financement.
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Ces trois éléments justifient de maintenir les investissements. Le contexte économique global est favorable, permettant aux marchés de progresser davantage.
La reprise des obligations est susceptible de durer
Les craintes relatives aux déficits budgétaires et aux éventuelles pressions inflationnistes ont décuplé la volatilité sur les marchés obligataires, notamment dans le segment à long terme (voir figure 1). Cependant, les rendements ont récemment diminué, même en l’absence de tout signe de résolution des problèmes budgétaires, ce que l’on peut attribuer aux interventions monétaires prévues de la part de la banque centrale. Le marché estime que la Fed réduira ses taux d’intérêt à six reprises au cours des douze prochains mois, ce qui a créé des pressions baissières sur les rendements à long terme. Nous pensons que cette trajectoire se maintiendra malgré des incertitudes persistantes concernant l’inflation.
Nos perspectives à moyen terme suggèrent que les taux américains diminueront probablement vers une fourchette de 3,75% à 3% et que l’exposition à la duration devrait donc continuer à soutenir la performance positive des portefeuilles obligataires.
GRAPHIQUE 1. Rendements à dix ans / Prime de term1
Les actions américaines, mais pas exclusivement
La prime de valorisation qui persiste sur les marchés actions soulève de nouveau la question : les allocataires d’actifs doivent-ils poursuivre la réduction de leur exposition aux Etats-Unis au profit d’autres régions telles que la Chine, les marchés émergents, la zone euro ou la Suisse ? A l’heure actuelle, les dépenses d’investissement significatives des Etats-Unis et de la Chine dans les domaines de l’intelligence artificielle et de la technologie alimentent la future croissance des bénéfices. Le segment des actions américaines reste quant à lui attractif en termes fondamentaux, malgré des valorisations relativement élevées. Toutefois, les actions chinoises se négocient à multiples inférieurs à ceux de leurs homologues américaines : par exemple, le PER d’Alibaba, qui s’inscrit à 20 fois les bénéfices, semble plus favorable que celui d’Amazon, à 40 fois les bénéfices2.
La dynamique des monnaies a également eu une influence marquée sur la performance des actions cette année. La dépréciation du dollar américain a modifié les conditions d’investissement, obligeant à tenir compte des considérations de change dans les allocations aux actions. La figure 2 montre que la productivité des Etats-Unis semble vouer à moins contribuer à l’expansion économique, tandis que la dynamique de productivité reste intacte en Chine et commence à prendre forme en Europe. Ces éléments justifient de diversifier les portefeuilles au-delà des marchés américains, tout en maintenant une exposition importante aux actions américaines.
GRAPHIQUE 2. contribution estimee de la productivite a la croissance3
Notre positionnement dans les différentes classes d’actifs
En l’état actuel des choses, nos équipes d’investissement ne voient pas encore d’arguments annonciateurs d’une baisse. Les conditions d’investissement demeurent favorables : l’inflation en dehors des Etats-Unis est nettement inférieure, l’économie mondiale montre encore de la solidité et les banques centrales des pays du G10 devraient à nouveau réduire leurs taux d’intérêt. L’argument des valorisations est une source de préoccupations, mais principalement pour les actions américaines, tout repli des marchés pouvant créer un nouveau point d’entrée.
Multi-actifs. L’équipe All Roads maintient un positionnement neutre, avec une exposition aux marchés maintenue à environ 135%, et réoriente légèrement ses allocations aux actifs de protection et aux actifs cycliques à 56% et 44% respectivement (rebasées à 100%)4.
Obligations. Notre équipe Global Fixed Income conserve un positionnement neutre sur les obligations souveraines, maintenant une préférence pour les titres du Trésor protégés contre l’inflation (Treasury Inflation Protected Securities, TIPS) par rapport aux bons du Trésor américain nominaux, mais surpondère désormais la dette des marchés émergents en monnaie forte. Dans le secteur du crédit, l’exposition aux obligations investment grade et à haut rendement est neutre, avec un biais défensif et sélectif. Notre équipe Asia Fixed Income surpondère la Chine et Hong Kong, tandis que l’Inde est équipondérée, et donne la priorité aux technologies de l’information et à la consommation non essentielle.
Obligations convertibles. L’équipe a une opinion positive sur les Etats-Unis et neutre sur l’Europe et la Chine. Elle formule des perspectives favorables pour les actions mondiales, mais privilégie des thématiques clés telles que l’ensemble de la chaîne de valeur de l’IA aux Etats-Unis et en Asie, la défense et l’industrie en Europe et l’exposition des Etats-Unis et de l’Asie à la relocalisation et à d’autres activités stratégiques.
Actions. Notre équipe Global Equities a pris des bénéfices en Europe et s’est réorientée vers la technologie et l’Internet en Chine. Au niveau sectoriel, elle maintient la surpondération de la technologie, des médias/télécommunications et de la consommation non essentielle, ainsi que la sous-pondération de la santé et de la consommation courante. Notre équipe Swiss Equities a réduit le niveau de risque en prenant des bénéfices sur les titres ayant enregistré des performances positives et surpondère les services de communication, les technologies de l’information, la santé et l’industrie. L’équipe Asia Equities maintient la surpondération de la Chine et de Hong Kong, tandis que l’Inde est équipondérée.