Leçons de 2018 : les droits de douane de Trump vont-ils provoquer de l’inflation ?

Florian Ielpo, PhD - Head of Macro, Multi Asset
Florian Ielpo, PhD
Head of Macro, Multi Asset
Leçons de 2018 : les droits de douane de Trump vont-ils provoquer de l’inflation ?

points clés.

  • En 2018, l’inflation américaine est restée modérée malgré l’imposition de droits de douane
  • Ce résultat pèse beaucoup dans l’argumentaire de l’administration Trump visant à contrer les inquiétudes suscitées par une hausse de l’inflation aux Etats-Unis
  • Pourtant, l’analyse montre que la faible inflation de 2018 peut être attribuée à l’impact négligeable des droits de douane payés aux Etats-Unis au cours de cette période. 

Cette semaine, Simply put poursuit une série en deux parties sur le thème des droits de douane. La semaine dernière, nous avons découvert, en nous appuyant sur 125 années de données, que rien n’étayait de façon convaincante l’idée selon laquelle « tarifs douaniers = inflation ». Cette semaine, nous prolongeons la discussion en réexaminant le principal argument de l’administration Trump. Selon elle, la probabilité qu’une guerre commerciale entraîne une hausse de l’inflation est faible, car ce n’est pas ce qui s’est produit avec les droits de douane de 2018. Cela dit, cette hypothèse n’est pas tout à fait exacte. En effet, certaines raisons sous-jacentes expliquaient l’absence apparente de croissance inflationniste à cette époque.

Lire aussi : Droits de douane, croissance et inflation : quelles leçons pouvons-nous tirer de 125 ans d’histoire économique ?

Pas d’inflation en 2018 ?

L’année 2018 a laissé une marque indélébile dans la mémoire de nombreux investisseurs. En février, la volatilité implicite avait explosé – le Volmageddon – en raison d’un léger recul des actions et de préoccupations liées à l’inflation (sans lien avec la guerre commerciale). La guerre commerciale est arrivée plus tard cette année-là et a contribué à l’un des plus mauvais mois de décembre pour les actions en 40 ans. Nous nous concentrons ici sur la guerre commerciale et sur l’impact limité qu’elle a eu sur l’inflation. La figure 1 le montre clairement. Elle compare l’évolution réelle en glissement annuel de l’inflation sous-jacente et de l’inflation globale aux Etats-Unis entre 2017 et 2018 par rapport aux attentes du marché.

FIGURE 1. Diverses mesures de l’inflation aux Etats-Unis, 2017-20181

Les points clés de ce graphique sont les suivants :

  • En février, les craintes concernant l’inflation ont alimenté le pic de volatilité et les inquiétudes se sont normalisées dans le courant de l’année. A partir de ce même mois, les attentes en matière d’inflation sur un an ont diminué de façon quasi continue. Malgré l’inquiétude alors affichée par les marchés et les investisseurs, les préoccupations n’étaient pas centrées sur l’inflation, mais plutôt sur les signes de ralentissement de la croissance économique
  • Les données de l’inflation réalisée n’étaient pas particulièrement frappantes : l’inflation globale en glissement annuel avait inscrit une hausse de 40 points de base entre mai et août avant de revenir à son niveau de référence, proche de 2%.

En dépit de l’augmentation des taxes sur les importations, l’effet global sur l’inflation – tant réalisée qu’attendue – a été négligeable. Pourquoi la guerre commerciale ne s’est-elle pas traduite par une hausse de l’inflation ? Ce paradoxe reste un point critique de l’analyse.

Tout est dans les détails

Pour résoudre l’énigme de l’inflation, il faut avant tout comprendre les modalités d’application précises des droits de douane. La figure 2 présente l’évolution des droits de douane au cours des périodes 2014-2017 et 2018-2021 sous deux angles distincts. Elle met face à face les pondérations moyennes (à droite) sur les deux périodes et les moyennes pondérées en fonction des échanges (à gauche). Elle montre ainsi que, même si les droits de douane moyens peuvent augmenter en raison de l’imposition de tarifs substantiels sur des articles particuliers, ces produits n’ont pas d’impact significatif sur les données d’importation globales. Par exemple, les droits les plus élevés sur les biens de consommation importés sont passés de 350% au cours de la première période à 1’410% au cours de la seconde, ce qui représente une augmentation substantielle2. Toutefois, ces impositions sévères de tarifs ont eu un effet minime sur les données globales agrégées.

FIGURE 2. Moyenne des droits de douane américains sur les importations au cours des périodes 2014-2017 et 2018-20213

Deux informations essentielles ressortent de ces graphiques :

  • En moyenne, les droits de douane ont augmenté sur certains produits, tels que les chaussures, les cuirs et les peaux, les plastiques et les caoutchoucs, ainsi que les produits alimentaires. Toutefois, ces hausses ont été compensées par des réductions dans d’autres domaines, notamment sur les importations de carburants
  • Une fois pris en compte le volume des importations pour chaque catégorie, l’augmentation des droits de douane semble beaucoup moins importante. Les produits alimentaires, en particulier, ont vu leurs droits de douane doubler, tandis que les tarifs sur les carburants sont passés de 1,7% à près de zéro. L’interaction de ces facteurs contribue à la perception d’une inflation minimale.

L’absence d’inflation significative en raison des droits de douane en 2018 peut s’expliquer par le fait que les tarifs ont à peine modifié la situation d’ensemble sur ce front. En résumé, l’idée que « droits de douane = inflation » est simpliste et trompeuse, et nécessite une compréhension nuancée des éléments complexes qui y sont associés.

En savoir plus : La concentration sur les actifs américains s’atténuera-t-elle en 2025 ?

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En d’autres termes, Simply put, pour que les droits de douane génèrent de l’inflation, ils doivent porter sur des catégories d’importations importantes, ce qui n’a pas été le cas en 2018.

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Indicateurs en temps réel pour la croissance mondiale : évolution à long terme (à gauche) et récente (à droite)

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Indicateurs en temps réel pour la politique monétaire mondiale : évolution à long terme (à gauche) et récente (à droite)

Note de lecture : les indicateurs en temps réel de LOIM rassemblent différents indicateurs économiques à un moment précis, afin de déterminer la probabilité de survenance d’un risque macroéconomique donné, comme la croissance, les surprises en matière d’inflation et les surprises en matière de politique monétaire. L’indicateur en temps réel va de 0% (croissance faible, surprises en matière d’inflation modérées et politique monétaire accommodante) à 100% (croissance forte, risque élevé de surprises en matière d’inflation et politique monétaire restrictive).

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[1] Source : Bloomberg et LOIM. Au 27 février 2025. Uniquement à titre indicatif.
[2] Source : Administration américaine du commerce international. Uniquement à titre indicatif.
[3] Source : Bloomberg et LOIM. Au 27 février 2025. Uniquement à titre indicatif.
[4] Au 27 février 2025. Les positions et/ou les allocations peuvent changer.

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