Récemment, des craintes de ralentissement de l’économie américaine ont semé le trouble sur les marchés. L’indicateur « GDPNow » de la Fed d’Atlanta a ouvert la marche, reflétant une croissance négative au premier trimestre, principalement en raison d’une détérioration de la balance commerciale avant l’entrée en vigueur des nouveaux droits de douane. Cela n’est plus considéré comme un événement isolé : l’indice ISM américain a également reculé, les nouvelles commandes passant sous le seuil de 50 après six mois de croissance. Il est probable que la guerre commerciale qui se poursuit ait elle aussi joué un rôle en la matière.
La principale question est de savoir si l’économie américaine est sur le point de ralentir. Cela semble probable, mais l’ampleur de ce ralentissement reste incertaine. Ce numéro de Simply put explore ce dilemme en examinant les raisons de l’expansion exceptionnelle affichée par les Etats-Unis ces dernières années.
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Pourquoi l’économie américaine n’a-t-elle pas ralenti plus tôt ?
L’économie des Etats-Unis est une énigme depuis quelques années : dans un contexte de hausse des taux d’intérêt (à long comme à court terme), pourquoi n’a-t-elle pas ralenti davantage ? La question se pose donc : la politique monétaire a-t-elle cessé d’être efficace ?
Les arguments ne manquent pas : la croissance est restée au moins aussi élevée qu’entre 2015 et 2019, malgré des taux d’intérêt supérieurs de 3% à 4% selon les échéances et les périodes considérées. La figure 1 répond à cette question en décomposant la croissance américaine entre les composantes sensibles aux taux d’intérêt (telles que les commandes de biens durables, les dépenses d’investissement ou l’investissement résidentiel) et celles qui sont moins sensibles, voire protégées (telles que la consommation de biens non durables, les dépenses de l’Etat et du gouvernement fédéral et la consommation de services). Cette analyse explique en partie l’énigme :
- De 1990 à 2015, le graphique montre que la zone marron clair, qui représente les moteurs de croissance sensibles aux taux d’intérêt, a dominé la zone marron foncé
- Lorsque la Réserve fédérale américaine (Fed) a commencé à relever ses taux en 2016, la zone marron foncé, qui représente les composantes moins sensibles, a commencé à croître et a fini par devenir la composante dominante de la croissance. Selon le rapport sur le PIB du quatrième trimestre, 100% de la croissance du PIB proviennent de composantes protégées contre les fluctuations des taux et 0% de composantes sensibles aux taux.
Avec la hausse des taux, la zone marron clair a reculé, ce qui correspond à une politique monétaire efficace. L’absence de tout ralentissement reflète simplement la prépondérance des composantes de la croissance qui réagissent à peine aux fluctuations des taux, et notamment la consommation de services, qui représentait 60% de la croissance au quatrième trimestre 2024.
Cela soulève une nouvelle question : la consommation de services peut-elle rester aussi solide ?
GRAPHIQUE 1. Décomposition de la croissance américaine entre les composantes sensibles et non sensibles aux taux1
La consommation et les investissements cèdent le pas
Aux Etats-Unis, nos indicateurs de croissance en temps réel ont atteint leur pic le 2 février 2025 et se détériorent depuis. A noter que la situation n’est pas catastrophique : 41% des données américaines continuent à s’améliorer. Les données en baisse concernent principalement la consommation, qui commence à battre de l’aile sous la pression des taux d’intérêt, tandis que les investissements réagissent aux incertitudes actuelles. Les attentes en matière de production se maintenaient jusqu’à présent, mais l’indice ISM fait désormais état d’une baisse, reflétant une détérioration des conditions pour la prise de décisions économiques. Concrètement, l’économie américaine ralentit, ce à quoi les observateurs des banques centrales s’attendaient.
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La figure 2 est sans équivoque :
- De décembre 2023 à décembre 2024, la situation macroéconomique des Etats-Unis s’est améliorée grâce à l’assouplissement des conditions monétaires, ce qui a provoqué une amélioration de la consommation et de l’emploi.
- Dans un contexte de taux d’intérêt élevés et probablement influencés par l’incertitude entourant la guerre commerciale, nos signaux de consommation et d’investissement (dépenses d’investissement et investissements résidentiels inclus) ont commencé à se détériorer au début de l’année.
Pour l’instant, ces deux composantes sont principalement sensibles aux taux d’intérêt, ce qui suggère que les composantes moins sensibles (illustrées par la zone marron foncé de la figure 1) pourraient ne pas diminuer de manière significative. Précisons toutefois que notre analyse ne fait pas la différence entre la consommation de services et la consommation de biens. Si la première catégorie semble protégée contre les fluctuations des taux, la deuxième ne l’est pas. Tout affaiblissement du secteur des services suggérerait que le ralentissement actuel des Etats-Unis est significatif.
GRAPHIQUE 2. Décomposition de notre indicateur de croissance en temps réel2
Ce que cela signifie pour All Roads
Comme nous l’avons mentionné à plusieurs reprises depuis le début de l’année, notre gamme de fonds All Roads présente actuellement une combinaison très diversifiée de couvertures et de primes de risque cycliques, de sorte qu’elle est adaptée à ces conditions incertaines. L’actuelle exposition aux marchés du Balanced Fund se situe à un niveau légèrement inférieur, aux alentours de 140% pour l’instant3. Cette année s’avère favorable aux investisseurs multi-actifs, la plupart des primes de risque générant des rendements positifs4 et récompensant donc la diversification. Reste à voir si cette tendance peut perdurer dans les conditions actuelles.
En d’autres termes, Simply Put, une période de croissance plus faible est probable aux Etats-Unis mais, pour l’instant, ce recul semble limité.
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Indicateurs macro/en temps réel
Nos indicateurs en temps réel propriétaires de dernière génération dédiés à la croissance mondiale, à l’évolution inattendue de l’inflation et des politiques monétaires au niveau mondial sont conçus pour suivre la progression récente des facteurs macroéconomiques qui animent les marchés.
Nos indicateurs en temps réel montrent actuellement que :
- Notre indicateur de croissance reste en repli, en particulier aux Etats-Unis en raison de la détérioration des données sur la consommation. La situation est différente dans la zone euro et en Chine, où l’indicateur a augmenté.
- Notre indicateur d’inflation reste globalement stable, c’est-à-dire « élevé mais en baisse ».
- Notre indicateur de la politique monétaire au niveau mondial a diminué, principalement en raison de la récente baisse des données sur les prix aux Etats-Unis.
Indicateurs en temps réel pour la croissance mondiale : évolution à long terme (à gauche) et récente (à droite)
Indicateurs en temps réel pour l’inflation mondiale : évolution à long terme (à gauche) et récente (à droite)
Indicateurs en temps réel pour la politique monétaire mondiale : évolution à long terme (à gauche) et récente (à droite)
Note de lecture : les indicateurs en temps réel de LOIM rassemblent différents indicateurs économiques à un moment précis, afin de déterminer la probabilité de survenance d’un risque macroéconomique donné, comme la croissance, les surprises en matière d’inflation et les surprises en matière de politique monétaire. L’indicateur en temps réel va de 0% (croissance faible, surprises en matière d’inflation modérées et politique monétaire accommodante) à 100% (croissance forte, risque élevé de surprises en matière d’inflation et politique monétaire restrictive).