Alors que les rues commencent à s’illuminer pour les fêtes, Simply put se penche sur le concept de rallye de Noël. Historiquement, les marchés surperforment en décembre, notamment après une élection aux Etats-Unis. La fin de l’année 2024 poursuivra-t-elle cette tendance ?
Les gérants de portefeuille en parlent souvent, mais comme de nombreuses autres curiosités statistiques inexpliquées, le rallye de Noël est encore un sujet tabou dans le monde de l’investissement. A mi-chemin entre l’analyse technique et la finance comportementale, un mythe persiste : celui d’un mois de décembre solide, année après année. Que pouvons-nous dire au sujet de ce phénomène ? Les mois de décembre sont-ils réellement plus intéressants que les autres ? Quels indices en profitent le plus ? Certains secteurs enregistrent-ils constamment des rendements plus élevés que d’autres ? Enfin, les années électorales aux Etats-Unis amplifient-elles cet effet papa Noël ? Alors que les tensions géopolitiques et politiques s’intensifient, penchons-nous sur les raisons d’espérer que cette année apportera quelques raisons de se réjouir aux portefeuilles diversifiés.
Quand tu descendras du ciel
Notre analyse des rendements de l’indice MSCI depuis 1970 est sans appel : décembre surperforme. Deux points illustrent ce phénomène :
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En décembre, le rendement moyen à long terme des actions mondiales est de 1,9%, soit plus du double de leur performance mensuelle à long terme (0,64%) 1
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La fréquence des performances mensuelles positives en décembre est de 73%, contre 60% pour les autres mois.
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L’anomalie de décembre est trop forte pour qu’on l’ignore, en particulier pour un investisseur diversifié. Cette « prime de Noël » des actions mondiales, qui s’élève à 1,26%, offre un joli bonus pour terminer l’année.
Cerise sur le gâteau, en nous concentrant sur les 13 années électorales qu’ont connues les Etats-Unis depuis 1970, nous avons découvert que de nombreux indices enregistrent des progressions encore plus fortes. Ainsi, la surperformance de l’indice MSCI China atteint généralement 1,47% en décembre, mais elle dépasse en moyenne les 4% les années de scrutin aux Etats-Unis.
L’effet des élections américaines sur la performance des actions mondiales est faible, mais la fréquence des rendements positifs est plus forte. Jusqu’à présent, 85% des mois de décembre d’une année électorale aux Etats-Unis ont enregistré des rendements supérieurs. Les deux seules fois où ils ont cédé du terrain ont été en 1980, après l’élection de Ronald Reagan sur fond de récession imminente, et en 1996, quand Bill Clinton a été réélu.
Décembre peut même être encore plus généreux lorsque l’année a déjà affiché une performance solide (même si c’est moins commun). Lorsque la performance des actions mondiales dépasse 10% à la fin du mois de novembre, le rendement moyen au mois de décembre est supérieur à 2,5% et il est positif dans 78% des cas. On peut donc voir dans le panurgisme une explication très probable à l’effet du mois de décembre, les investisseurs cherchant à saisir les opportunités d'une année faste. (Cela se produit généralement dans un contexte marqué par les rachats d’actions.)
Peu importe comment vous l’analysez ou que vous ayez été sage ou pas, décembre est un mois extraordinaire pour les investisseurs dans plusieurs régions (voir Graphique 1). Cela dit, toutes les actions en profitent-elles ?
Lire aussi: multi asset: how higher rates could improve diversification
GRAPHIQUE 1 : La prime de décembre : rendements moyens des actions et pourcentage de mois affichant un rendement positif par région (en haut) et secteur (en bas)2
C’est Noël pour tout le monde
Le graphique 1 met en lumière plusieurs détails sur les rebonds du mois de décembre dans les secteurs et les régions. Certains éléments peuvent sembler intéressants compte tenu des performances hétérogènes des différents marchés boursiers régionaux et sectoriels cette année :
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Tout d’abord, la plupart des secteurs et des régions semblent profiter du rallye du mois de décembre, ce qui est une bonne nouvelle pour les nombreux investisseurs institutionnels qui n’ont pas choisi de concentrer leurs expositions en 2024
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Sur le plan géographique, en décembre, les marchés émergents et les grandes capitalisations européennes se comportent mieux que les actions américaines. L’analyse des résultats nous apprend que ce succès coïncide avec une faiblesse du dollar américain au cours de ce mois, dans un contexte d’assouplissement des taux à court terme. C’est logique : les actifs qui souffrent lorsque le billet vert est fort retrouvent des couleurs lorsqu’il décline
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Au niveau sectoriel, les différences sont moins évidentes. Le mois de décembre sourit à la plupart des secteurs et des styles, même si la technologie et l’énergie restent en retrait. Les titres « value » font généralement mieux que leurs homologues « growth » et que les petites capitalisations.
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Ces conclusions reposent clairement sur la performance historique et décembre 2024 apportera de nouvelles données. Néanmoins, si la surperformance des secteurs, des régions et des styles correspond aux observations passées, le rebond de Noël devrait apporter plus d’homogénéité à des rendements de marché qui ont été anormalement concentrés en 2024. Il convient également de noter que parmi les 13 mois de décembre négatifs de notre ensemble de données figurent les pires fins d’année mensuelles depuis Bretton Woods, notamment 2002 (l’éclatement de la bulle technologique), 2018 (la guerre commerciale sino-américaine) et 2022 (les relèvements agressifs des taux d’intérêt). Les dommages que ces années ont causés aux portefeuilles invitent à une certaine prudence en décembre.
Ce que cela signifie pour All Roads
Pour le moment, l’allocation de notre stratégie multi-actifs maintient une diversification élevée entre obligations, actions et matières premières. Si le rebond de décembre venait à se concrétiser, notre allocation en bénéficierait probablement, notamment en cas de recul des taux à long terme, qui serait favorable aux obligations. Etant donné que notre allocation n’est pas concentrée, la perspective d’un rebond de Noël classique, donc général et homogène, nous permettrait de terminer l’année sur une note solide. Cela dit, pour les matières premières, les tendances restent instables et dépendantes des tensions géopolitiques, qui sont particulièrement imprévisibles. Une fois encore, cela conforte notre volonté de diversification et de gestion dynamique du drawdown en cas de coup de froid sur les marchés en décembre.
En d’autres termes, Simply put, l’histoire nous montre que le père Noël vient souvent sur les marchés en décembre, ce qui profite aux actifs cycliques. Néanmoins, les années de disette rappellent que la diversification est salutaire.
Pour en savoir plus sur notre philosophie d’investissement multi-actifs fondée sur les risques, veuillez cliquer ici.
Indicateurs macro/en temps réel
Nos indicateurs en temps réel propriétaires de dernière génération dédiés à la croissance mondiale, à l’évolution inattendue de l’inflation et des politiques monétaires au niveau mondial sont conçus pour suivre la progression récente des facteurs macroéconomiques qui animent les marchés.
Nos indicateurs en temps réel montrent actuellement que :
- nos indicateurs de croissance continuent de souligner le climat actuel de reprise, 57% des données montrant une amélioration au cours du mois
- nos signaux d’inflation bifurquent clairement. Alors qu’il y a seulement quelques semaines, les surprises en matière d’inflation étaient positives et de plus en plus nombreuses, elles sont maintenant positives, mais décroissantes, ce qui est de bon augure pour les obligations gouvernementales
- la politique monétaire devrait rester accommodante, indépendamment de la région que nous analysons. Aux Etats-Unis, le compte-rendu du récent comité de politique monétaire (FOMC) correspond au message transmis par nos indicateurs.
Indicateurs en temps réel pour la croissance mondiale : évolution à long terme (à gauche) et récente (à droite)
Indicateurs en temps réel pour l’inflation mondiale : évolution à long terme (à gauche) et récente (à droite)
Indicateurs en temps réel pour la politique monétaire mondiale : évolution à long terme (à gauche) et récente (à droite)
Note de lecture : l’indicateur en temps réel de LOIM rassemble différents indicateurs économiques à un moment précis, afin de déterminer la probabilité de survenance d’un risque macroéconomique donné, comme la croissance, les surprises en matière d’inflation et les surprises en matière de politique monétaire. L’indicateur en temps réel va de 0% (croissance faible, surprises en matière d’inflation modérées et politique monétaire accommodante) à 100% (croissance forte, risque élevé de surprises en matière d’inflation et politique monétaire restrictive).