Alors que les élections présidentielles occupaient le devant de la scène, une dynamique de marché importante s’est mise en place : la structure globale par terme des taux d’intérêt américains a régulièrement augmenté.
C’est un signal important. Les taux réels négatifs ont profité aux portefeuilles diversifiés dans les années qui ont précédé le dernier cycle de resserrement. Alors que les banques centrales ont augmenté leurs taux d’intérêt en 2022, de nombreux investisseurs pensant que les taux réels positifs à 10 ans pèseraient lourdement sur les bénéfices des actions de grande capitalisation ont été pris à contre-pied. Or, comme les taux n’ont pas dépassé l’inflation réalisée, les entreprises qui ont profité de la hausse des prix sont devenues extrêmement rentables. Maintenant que les taux réels sont à nouveau en hausse, ce scénario pourrait-il se reproduire ? Alors que 2025 se profile à l’horizon, Simply Put évalue les perspectives.
La séquence des taux réels
Il existe plusieurs façons de calculer les taux réels. Un économiste pourrait se concentrer sur les taux réels du marché à 10 ans, calculés comme la différence entre les taux nominaux à 10 ans et les points morts ou les swaps d’inflation de même échéance. Les analystes, quant à eux, pourraient considérer la différence entre les taux nominaux et l’inflation réalisée. Dans ce dernier cas, étant donné que l’inflation réalisée couvre généralement une période d’un an, il vaut mieux examiner les taux nominaux d’une échéance plus courte pour une meilleure cohérence.
Le graphique 1 illustre le comportement de ces deux mesures sur une base trimestrielle depuis mars 2018, les taux nominaux sur deux ans étant utilisés pour calculer la différence entre les taux nominaux et l’inflation réalisée. Même si les taux réels à court et à long terme sont corrélés, ils ne se suivent pas systématiquement, ce qui rend cette analyse intéressante. Trois phases clés peuvent être observées :
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En 2020 et 2021, les taux réels à court et à long terme sont restés globalement négatifs. Cela a aidé l’économie à résister à la pandémie et à ses conséquences, réduisant ainsi les risques d’une récession prolongée.
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Au cours de l’année 2022, les taux courts sont restés négatifs, tandis que les taux longs sont devenus positifs. Durant cette période, l’inflation a reculé plus lentement que prévu et est restée supérieure aux taux à court terme
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De 2023 à 2024, les taux réels à court et à long terme sont devenus positifs. Les taux nominaux sont restés élevés tandis que l’inflation est descendue en dessous de leur niveau.
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Comme nous l’expliquons ci-dessous, la séquence de ces phases a historiquement un impact sur les bénéfices des entreprises et la performance du marché.
Graphique 1 : Comportement relatif des taux réels américains à 2 et 10 ans1
Attention aux doubles positifs
Entre 2022 et le premier semestre 2024, la Réserve fédérale (Fed) était déterminée à supprimer l’inflation. Cependant, depuis août, elle a déplacé son attention vers le soutien au marché du travail et ses récentes baisses de taux consolident ce changement d’orientation vers l’économie réelle. Les inquiétudes concernant la croissance sont fondées : même si l’économie américaine se porte bien aujourd’hui, il ne faut pas perdre de vue que les taux réels à court et à long terme sont désormais positifs.
Le graphique 2 montre les taux de croissance des bénéfices et la performance des actions américaines en fonction de la combinaison des taux réels à court et à long terme sur la période 1962-2024. Comme vous pouvez le constater, les périodes de taux réels généralement négatifs profitent aux bénéfices des entreprises et aux valorisations boursières, mais les périodes de taux réels généralement positifs ont habituellement l’effet inverse. La dynamique sous-jacente qui a surpris les investisseurs en 2023 peut être observée dans les graphiques : lorsque les taux réels à court terme sont négatifs, mais que les taux réels à long terme ne le sont pas, les bénéfices et les valorisations ont tendance à augmenter davantage l’année suivante que lorsque les taux courts et longs sont tous deux positifs.
De toute évidence, lorsque l’inflation dépassait les taux d’intérêt, elle permettait aux bénéfices et aux valorisations d’échapper à leur effet néfaste. Cependant, avec la baisse de l’inflation, ce n’est plus le cas. En conséquence, la politique monétaire est probablement plus déflationniste aujourd’hui qu’elle ne l’était en 2022 et 2023. Les baisses de taux de la Fed sont désormais nécessaires pour rapprocher l’économie américaine d’une situation dans laquelle les taux à court terme sont négatifs et les taux à long terme sont positifs afin de maximiser les chances d’un atterrissage en douceur.
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Graphique 2 : Croissance des bénéfices attendus à un an et performance des actions en fonction des taux réels à 2 et 10 ans2
Ce que cela signifie pour All Roads
Bien que les conditions économiques aient clairement montré des signes d’amélioration, les expositions totales aux marchés de nos stratégies multi-actifs n’ont pas dépassé leur moyenne de 2021-2024. Les tendances sur les marchés des actions et du crédit restent stables, mais le climat est toujours morose. Compte tenu de ces signaux mitigés, nous privilégions une exposition aux marchés légèrement plus faible avec une allocation équilibrée entre couverture et actifs cycliques.
En d’autres termes, Simply put, l’ensemble de la structure des taux réels est désormais positive, ce qui pourrait peser sur les bénéfices et les marchés tout au long de 2025.
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Indicateurs macro/en temps réel
Nos indicateurs en temps réel propriétaires de dernière génération dédiés à la croissance mondiale, à l’évolution inattendue de l’inflation et des politiques monétaires au niveau mondial sont conçus pour suivre la progression récente des facteurs macroéconomiques qui animent les marchés.
Nos indicateurs en temps réel montrent actuellement que :
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la croissance continue de progresser, bien qu’à un rythme plus lent, la proportion de données en amélioration observées passant de 60% à 53%
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l’économie mondiale reste dans une zone caractérisée par des pressions inflationnistes positives et en augmentation progressive
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on peut généralement s’attendre à ce que la politique monétaire des banques centrales favorise les réductions de taux.
Indicateurs en temps réel pour la croissance mondiale : évolution à long terme (à gauche) et récente (à droite)
Indicateurs en temps réel pour l’inflation mondiale : évolution à long terme (à gauche) et récente (à droite)
Indicateurs en temps réel pour la politique monétaire mondiale : évolution à long terme (à gauche) et récente (à droite)
Note de lecture : l’indicateur en temps réel de LOIM rassemble différents indicateurs économiques à un moment précis, afin de déterminer la probabilité de survenance d’un risque macroéconomique donné, comme la croissance, les surprises en matière d’inflation et les surprises en matière de politique monétaire. L’indicateur en temps réel va de 0% (croissance faible, surprises en matière d’inflation modérées et politique monétaire accommodante) à 100% (croissance forte, risque élevé de surprises en matière d’inflation et politique monétaire restrictive).