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Faire plus avec moins

Faire plus avec moins
Christopher Kaminker, PhD - Group Head of Sustainable Investment Research, Strategy & Stewardship

Christopher Kaminker, PhD

Group Head of Sustainable Investment Research, Strategy & Stewardship
Thomas Höhne-Sparborth, PhD - Head of Sustainability Research

Thomas Höhne-Sparborth, PhD

Head of Sustainability Research

L’économie mondiale est dysfonctionnelle et ne reconnaît pas sa propre nature autodestructrice. En résumé, elle est WILD, acronyme anglais des termes Wasteful (gaspilleur), Idle (inefficace), Lopsided (inéquitable) et Dirty (sale). Il est toutefois encore possible de mettre fin à l’escalade des dommages climatiques et d’inverser la destruction rampante des ressources vitales de la Terre — ce que l’on appelle le capital naturel. Pour susciter cette transformation économique, nous devons comprendre et prendre en compte plusieurs dynamiques clés de la durabilité. Nous abordons ici la nécessité d’améliorer l’utilisation des ressources et soulignons comment une meilleure utilisation des matériaux, de meilleurs processus et une attention particulière portée aux produits à plus longue durée de vie peuvent non seulement contribuer à rationaliser les besoins en matériaux, mais aussi conduire à des opportunités d’investissement intéressantes.

L’utilisation efficace des ressources est l’illustration même des concepts « faire plus avec moins » et « travailler plus intelligemment, pas plus dur ». Aujourd’hui, chaque personne sur Terre consomme environ 13 tonnes de matériaux par an, ce qui nécessite l’extraction de minéraux, de minerais, de combustibles fossiles et de biomasse1. Si certains de ces matériaux sont utilisés dans la production de biens et de services, il n’en demeure pas moins qu’une grande partie est perdue. Par exemple, la production d’un t-shirt (250 grammes) nécessite 1 152 grammes de coton, avec des pertes de matériaux de l’ordre de 78 %2. L’utilisation de matériaux de substitution, de techniques de production améliorées, de modèles légers et faciles à fabriquer peut réduire les pertes de fabrication dans différents secteurs, diminuer les coûts des matériaux et avoir un impact environnemental moins négatif.

 

Chez Lombard Odier, nous pensons que l’analyse du défi posé par l’utilisation efficace des ressources dans le cadre de la transition vers une économie CLIC™, acronyme anglais des termes Circular (circulaire), Lean (efficient), Inclusive (inclusif) et Clean (propre), peut nous aider à identifier les opportunités d’investissement dans de nombreuses industries

Nous considérons les matériaux de pointe et l’industrie 4.0 comme deux solutions technologiques ouvrant la voie à la concrétisation du concept « faire plus avec moins ». Le secteur aérospatial constitue un exemple des grands changements que les techniques de procédés améliorés peuvent entraîner. Les techniques de fabrication traditionnelles entraînent des pertes de matériaux supérieures à 90 %, ce qui signifie que moins d’un kilogramme sur dix de matériaux achetés parvient à monter dans l’avion vers sa destination finale. Les nouvelles techniques de fabrication additive (y compris, mais sans s’y limiter, l’impression 3D) permettent de produire des pièces avec peu ou pas de perte de matériaux. De telles technologies arrivent rapidement à maturité, permettant la production de pièces plus grandes et plus complexes composées de divers matériaux, élargissant ainsi le potentiel des processus durables, tout en présentant des opportunités d’investissement dans cet univers3.

 

L’industrie 4.0 : un recul des pertes de matériaux grâce à la fabrication additive

 

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Source: Digital Alloys4

 

Exemples d’opportunités

L’étoffement de la gamme, l’augmentation de la complexité et de la taille des pièces peuvent être produites par des procédés additifs et ouvrent des marchés à des fabricants d’équipements industriels, de poudres et d’alliages métalliques ainsi que de pièces spécialisées dans l’industrie aérospatiale et d’autres secteurs.

La prise de conscience de la nécessité d’utiliser des ressources de manière efficiente s’accroît tandis que l’échelle d’extraction des matières premières continue de démontrer l’amenuisement des réserves de ressources clés de la planète5. Pas moins de 27 matières premières figurent désormais sur la liste « critique » de l’UE, ce qui signifie qu’elles ont une grande importance sur le plan économique et sont exposées à un risque élevé de pénurie d’approvisionnement6. Alors que pour certains matériaux, comme les terres rares (utilisées dans la production d’aimants, de turbines éoliennes et de moteurs électriques), l’offre reste luxueusement abondante, celle d’autres matériaux clés comme le zinc (utilisé dans la construction) et l’étain (utilisé dans l’électronique) pourrait être épuisée d’ici quelques années et d’autres matériaux clés encore, comme le cobalt, le nickel et le cuivre (tous essentiels aux batteries et à l’électrification des véhicules), ne sont pas loin derrière.

Les inquiétudes concernant la disponibilité actuelle et future des matières premières se sont accrues, et les prix sont devenus de plus en plus instables. Les prix des ressources sont plus volatils aujourd’hui qu’à tout autre moment du siècle dernier — à la seule exception des prix de l’énergie dans les années 19707. Les entreprises manufacturières européennes déclarent consacrer actuellement près de 40 % de leurs coûts aux matières premières, l’énergie et l’eau faisant passer les dépenses totales en ressources naturelles à 50 %8. L’utilisation efficace des ressources représenterait donc un avantage concurrentiel permettant aux fabricants de réduire leurs coûts, ainsi que de diminuer leur dépendance à l’égard de marchés volatils et leur exposition aux risques de réputation, qui peuvent être associés à l’exploitation minière et aux autres industries d’extraction.

 

Part des ressources naturelles dans les coûts de fabrication

 

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Source: adapté de WasteEcoSmart9

 
 

Opportunités d’investissement à saisir

La rationalisation des processus de production et le recours accru au recyclage sont deux techniques anciennes dont l’utilisation pourrait être optimisée en vue de réduire tant l’empreinte matérielle que les coûts. Avec la pression accrue qui pèse sur la disponibilité et le coût des matières premières, sans compter la nécessité de préserver les avantages concurrentiels, de nouvelles solutions voient le jour pour offrir une amélioration plus radicale des performances. Nous pensons que bon nombre des solutions suivantes pourraient être utilisées dans plusieurs secteurs industriels, leur évolutivité et leur applicabilité généralisée améliorant les performances globales en matière d’investissement :

 

  • L’internet des objets est souvent représenté par des exemples domestiques tels que les « réfrigérateurs intelligents », mais outre les caractéristiques améliorées des produits, les dispositifs connectés permettent de suivre en temps réel les matériaux et les inventaires pour offrir des opportunités de rationalisation. L’investissement des entreprises représente 50 % des dépenses consacrées aux dispositifs connectés, 54 % des projets étant motivés par la réduction des coûts10

  • La production intelligente vise à améliorer la productivité et à réduire les temps d’arrêt non planifiés, ce qui représente un coût important pour les fabricants — estimé à USD 50 milliards par an11.  Dans une étude portant sur l’industrie de la pâte et du papier, par exemple, l’utilisation de technologies visant à améliorer la gestion des processus de production et à prévoir les pannes d’équipement a permis de réaliser un gain de productivité du personnel de 66 % et une amélioration de 20 à 30 % s’agissant de l’efficacité des processus12

  • La fabrication additive (comme l’impression 3D) constitue un moyen de réduire les déchets et de faciliter la conception de produits plus complexes moyennant une utilisation plus efficiente des matériaux. Ces nouveaux types de conception pourraient permettre de réduire de moitié le poids des composants dans certaines industries13. Les prix de certaines des résines utilisées dans l’impression 3D ont chuté de 80 % en trois ans, augmentant ainsi la gamme des matériaux et des composants pouvant être produits en ayant recours à ces techniques14. 

  • Les emballages actifs et intelligents visent à réduire la détérioration des produits, un facteur clé de l’utilisation inefficace des ressources dans l’industrie alimentaire. Parmi les exemples de formes d’emballage améliorées, citons notamment l’utilisation de nanotubes et de cultures bioprotectrices qui possèdent des propriétés antimicrobiennes, ainsi que l’utilisation d’emballages intelligents permettant de suivre les conditions de stockage et d’indiquer aux consommateurs si les aliments sont encore propres à la consommation.

  • Les matériaux de pointe offrent des opportunités d’« allégement » des matériaux, grâce à l’utilisation d’alliages à haute résistance ou de matériaux renouvelables plus respectueux de l’environnement. Citons à titre d’exemple l’acier à haute résistance (qui réduit le poids du matériau de 25 % par rapport à l’acier ordinaire), l’utilisation de matériaux composites en remplacement du titane et de l’aluminium, ainsi que les matériaux d’inspiration biologique.

 

Notre économie doit évoluer vers un modèle CLIC™, c’est-à-dire plus circulaire, efficient, inclusif et propre. Le passage à une bioéconomie plus circulaire pourrait libérer des milliards de valeur inexploitée et donner un sérieux coup d’accélérateur vers le cap de la durabilité. En analysant l’exposition des modèles d’affaires à une économie qui met l’accent sur l’amélioration de l’utilisation efficace des ressources, nous pensons pouvoir identifier les entreprises les plus à même de surperformer et de libérer le potentiel de l’économie CLIC™.

 

sources.

1 Circle Economy (2020). Circularity Gap Report 2020. Disponible sous https://www.circularity-gap.world/2020
2 Kazan, H., Akgul, D., Kerc, A. (2020). Life cycle assessment of cotton woven shirts and alternative manufacturing techniques. Clean Technologies and Environmental Policy 22, pp. 849-864. Disponible sous https://link.springer.com/article/10.1007/s10098-020-01826-x
3 Digital Alloys (2019). Comparison of additive manufacturing & CNC machining. Disponible sous https://www.digitalalloys.com/blog/comparison-additive-manufacturing-cnc-machining/
4 Idem.
5 Desjardins, Jeff (2014). A forecast of when we’ll run out of each metal. Disponible sous https://www.visualcapitalist.com/forecast-when-well-run-out-of-each-metal/
6 European Commission (2019). Critical Raw Materials. Disponible sous https://ec.europa.eu/growth/sectors/raw-materials/specific-interest/critical_en
7 McKinsey (2011). Resource revolution: Meeting the world’s energy, materials, food, and water needs. Dobbs, R; Oppenheim, J; Thompson, F; Brinkman, M and Zornes, M. Disponible sous https://www.mckinsey.com/~/media/McKinsey/Business%20Functions/Sustainability/Our%20Insights/Resource%20revolution/MGI_Resource_revolution_full_report.ashx.
8 WasteEcoSmart (undated). Resource efficiency. Disponible sous http://www.wastecosmart.eu/en/resource-efficiency/
8 Idem.
10 TechJury (2019). Statistiques sur l’internet des objets 2019 [The Rise Of IoT]. Petrov, C. Disponible sous https://techjury.net/stats-about/internet-of-things-statistics/
11 Emerson and Wall Street Journal (2019). Unlocking Performance: How Manufacturers Achieve Top Quartile Performance. Disponible sous https://partners.wsj.com/emerson/unlocking-performance/how-manufacturers-can-achieve-top-quartile-performance/
12 Idem.
13 Bloomberg NEF (2019). 2H 2019 Advanced Materials Market Outlook.  
14 Bloomberg NEF (2019). 3D Printing Materials Overview: Costs and Capabilities.

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