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Comment raccorder l’investissement durable aux obligations convertibles ?
Chez Lombard Odier IM, nous pensons que la révolution de la soutenabilité est en train de transformer nos économies et les entreprises qui les font avancer. La notion de soutenabilité vient bousculer le paysage traditionnel de l’investissement en matière de risque et de rentabilité : c’est pourquoi nous passons nos investissements au crible des critères de soutenabilité. Parce qu’un changement aussi considérable peut s’avérer difficile à quantifier, nous avons développé une approche propriétaire pour intégrer la soutenabilité à nos processus d’investissement et optimiser la mesure des données. Et parce que la soutenabilité a un rôle moteur si puissant sur la manière dont les entreprises opèrent, nous l’intégrons pleinement à notre processus de gestion d’obligations convertibles tout comme nous le faisons pour toutes les grandes classes d’actifs.
La conviction que les entreprises combinant un modèle financier, des pratiques d’entreprise et un modèle économique soutenables vont fournir de meilleures performances ajustées du risque sur longue période est centrale dans notre philosophie d’investissement. C’est donc sur ces trois piliers que nous évaluons la soutenabilité des émetteurs.
Convexité et modèle financier
Le premier pilier consiste donc à évaluer la soutenabilité du modèle financier des émetteurs. Nous examinons la viabilité financière de l’entreprise et si elle présente une opportunité de génération de performance. Pour les obligations convertibles, notre approche d’investissement vise spécifiquement à maximiser la performance ajustée du risque en ciblant les titres présentant les caractéristiques asymétriques les plus attrayantes, ce que nous mesurons par la convexité.
La valeur de cette convexité découle de la nature même des convertibles, qui ont à la fois une composante action et une composante obligataire. Les convertibles permettant à l’investisseur de s’exposer au cours de l’action de l’entreprise, notre évaluation du modèle financier se focalise donc sur le potentiel de génération de performance économique excédentaire de l’entreprise. La composante obligataire des convertibles, elle, expose l’investisseur au risque de crédit de l’entreprise. Cela signifie que notre évaluation doit prendre en compte la solvabilité de l’émetteur. Nous passons aussi en revue l’univers des convertibles sur de nombreux autres facteurs, par exemple en prenant en compte la liquidité de des émissions et en favorisant les plus importantes (plus de 150 millions de dollars).
Nous menons ensuite une analyse fondamentale de la qualité de crédit en examinant le levier utilisé par l’entreprise, les échéances à venir de sa dette, la structure de son capital, ses flux de trésorerie, ses sources de refinancement possibles et la manière dont elle rémunère ses investisseurs pour les risques pris. Pour la partie ‘action’ de l’exposition, nous regardons l’attractivité du secteur, la manière dont l’entreprise est valorisée, la volatilité dont l’action a fait preuve, la stratégie de gestion et le positionnement compétitif de l’entreprise.
“Notre approche d’investissement vise à maximiser la performance ajustée du risque en ciblant les titres présentant les caractéristiques asymétriques les plus attrayantes.”
Notre revue technique consiste à chercher les convertibles les plus mixtes du strict point de vue des facteurs techniques. Ici, nous observons la convexité de la convertible, son rendement et a manière dont l’option sur action est valorisée. Au final, sur ce premier pilier, nos experts en convertibles se concentrent sur les émetteurs qui sont financièrement viables, quant à l’avenir de leur cours de bourse et à leur capacité à rembourser leur dette.
Délivrer de la valeur sur le long terme
Le second pilier s’agit d’observer comment l’entreprise se comporte avec son écosystème de parties prenantes. Pour qu’elle soit capable de délivrer de la valeur sur le long terme, nous pensons qu’elle doit s’intéresser à toutes ses parties prenantes, ce qui inclut les régulateurs, les actionnaires, les employés, les clients, les fournisseurs, l’environnement et les communautés locales. Ici, une nouvelle fois, les pratiques d’entreprise sont analysées tant du point de vue actions que du point de vue crédit.
Nous pensons que la qualité des pratiques de l’entreprise peut être source de performance opérationnelle, au même titre que les coûts et le chiffre d’affaires. À notre sens, les entreprises qui démontrent de solides performances sur les sujets environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) bénéficieront d’une plus forte croissance de long terme, notamment en évitant l’écueil de subir des controverses potentiellement destructrices de valeur. Nous avons développé une approche propriétaire pour mesurer les changements motivés par la soutenabilité.
Selon nous, analyser les pratiques d’entreprise ne se résume pas à appliquer les notations ESG d’une tierce partie. Notre longue expérience en ce domaine nous a appris l’importance de la collecte, de la vérification et de l’amélioration de vastes bases de données brutes, grâce à une analyse minutieuse et à l’échange d’informations avec les entreprises. Nous utilisons notre propre méthodologie de notation des entreprises, fondée sur 115 points de données distincts, identifiables et crédibles permettant d’analyser si elles sont alignées avec les meilleures pratiques en matière ESG et si elles font des progrès pour évoluer vers des pratiques plus soutenables.
Nous avons également développé une méthodologie propriétaire baptisée ‘CAR’ qui nous aide à faire le tri, lorsqu’il s’agit de soutenabilité, entre les entreprises qui ‘parlent’, celles qui agissent et celles qui affichent des résultats concrets. Nous pensons que cette méthodologie - qui sépare les données ESG en trois catégories (conscience, actions et résultats - CAR) - apporte plus de valeur que l’utilisation de notations externes agrégées car elle aide à identifier les entreprises qui font de véritables progrès vers des pratiques plus soutenables.
Utiliser notre analyse propriétaire ESG/CAR permet d’enrichir notre processus : cela apporte à nos analystes et gérants de portefeuilles convertibles un cadre de données non financières en parallèle à leur analyse financière, ce qui permet ensuite d’améliorer la capacité d’évaluation des risques et opportunités liés à une entreprise et enfin de prendre des décisions mieux informées.
Sur ce second pilier, nous évaluons aussi l’exposition des émetteurs aux controverses. L’exposition d’une entreprise à des controverses est un signal fort, sur le court terme, du fait qu’elle n’est pas concentrée sur les meilleures pratiques d’entreprise à long terme. Nous utilisons la classification des incidents établie dans les principes du Global Compact des Nations-Unies et une évaluation de la gravité de chaque incident.
Pratiques d’entreprises et mesures d’impact
Enfin, nous regardons quelles mesures d’impact sont prises en compte par l’entreprise, en analysant par exemple les émissions de carbone ou les consommations d’eau. Ceci nous aide à évaluer comment une entreprise cherche à faire baisser les risques économiques qu’elle subirait dans un environnement de contraintes sur le carbone ou l’eau. Et cela nous permet ensuite une meilleure compréhension de sa résistance aux évolutions futures de la réglementation.
Le troisième pilier cible la capacité de l’entreprise à tirer parti des transformations structurelles, ou à la soutenabilité de son modèle économique. Ce troisième pilier est particulièrement pertinent dans l’évaluation de l’option sur action liée à une obligation convertible, car il s’intéresse au potentiel de progression à long terme du cours de l’action sous-jacente, donc à la valeur de l’option.
Chez Lombard Odier IM, nous pensons que des thématiques comme la démographie, le changement climatique, les ressources naturelles, la révolution numérique et les inégalités vont transformer en profondeur l’économie mondiale. Au sein de chacune de ces mégatendances, comme on les appelle, nous cartographions les futurs chemins probables vers une monde plus soutenable pour mieux comprendre quels secteurs seront impactés et comment. En conséquence, nous sommes capables d’identifier des opportunités transposables en thèmes d’investissement et, en dernier lieu, de déterminer à quel point une entreprise est bien ou mal positionnée.
En plus de notre analyse des investissements, nous sommes fermement convaincus de l’importance de la détention active et de notre responsabilité en tant qu’investisseurs. Les entreprises ayant des actionnaires engagés sont, selon nous, plus susceptibles de délivrer de meilleures performances ajustées du risque, et de manière plus soutenable. L’engagement avec les entreprises est un pan important de notre responsabilité de gérant et nous en tirons une meilleure compréhension de la soutenabilité de l’entreprise, qui renforce à son tour la solidité de notre processus d’investissement.
La révolution de la soutenabilité continue de se déployer et notre approche à trois piliers permet à notre équipe de spécialistes des convertibles de mieux évaluer comment ces changements vont affecter les entreprises. Équiper nos équipes de gestion d’un cadre sur mesure d’évaluation de la soutenabilité les aide à faire des choix mieux informés, sources de meilleurs résultats en matière d’investissement1.
Vous trouverez la définition des principaux termes utilisés dans le lexique.
source.
1 Les obligations convertibles supposent évidemment certains risques. Ils incluent les risques typiquement associés à la dette d’entreprise (par exemple, le risque de défaut ou le risque de taux d’intérêt), de même que ceux associés aux options d’achat sur actions (par ex : une correction de l’action amenant une baisse de valeur de l’option).