Alliés du marché
Depuis que la Réserve fédérale (Fed) a abaissé ses taux directeurs en septembre, les marchés semblent être portés par un regain d’enthousiasme. Bien entendu, cette situation n’est pas uniquement due à la décision de la Fed de réduire ses taux plus que ne l’avaient prévu les économistes ; le plan de relance conjoint du gouvernement chinois et de la banque centrale a également joué un rôle important. Pour résumer la situation actuelle, la Fed et toutes les banques centrales des pays du G10 sont passées du statut d’adversaires à celui d’alliés des marchés. La croissance a montré des signes d’amélioration et la Chine, qui était à la traîne, semble prête à retrouver une partie de sa vitalité. En d’autres termes, certaines des inquiétudes des marchés se sont dissipées, laissant la valorisation comme principale contrainte. La question qui se pose aujourd’hui est la suivante : les marchés sont-ils déjà trop chers ? Si ce n’est pas le cas, que peut-on dire de leur potentiel de croissance ? Nos signaux d’évaluation multi-actifs peuvent fournir des informations intéressantes à ce sujet.
Déception positive
Le consensus pour le mois de septembre était clair. Historiquement, les marchés ont tendance à baisser en septembre : en moyenne, l’indice MSCI Monde a baissé de près de 1% au cours des 30 dernières années, 12 de ces années affichant un ratio baissier, dépassé seulement par le mois d’août (16/30). Par conséquent, le mois de septembre, en particulier la seconde moitié, devait être la somme de toutes les craintes, avec une chute anticipée des marchés. Malheureusement pour les prévisions, mais heureusement pour les portefeuilles, les actions ont progressé de près de 1%, sous l’impulsion d’une partie importante du marché boursier.
Cette dynamique robuste apparaît clairement dans la figure 1, qui montre le pourcentage d’actions négociées sur les marchés américains qui se situent au-dessus de leur plus haut niveau sur 200 jours : près de 65% aujourd’hui, un chiffre historiquement élevé. Autre indicateur de ce nouvel élan, l’indice S&P 500 à pondération égale a enregistré en septembre une performance proche de celle de l’indice de capitalisation boursière. Cet enthousiasme pour les marchés actions est-il généralisé ? Pas tout à fait : notre indicateur « interne » de l’appétit pour le risque, également présenté dans la figure 1, le situe à environ 50%, à mi-chemin entre la phase haussière et la phase baissière. La demande de couverture, telle que reflétée par cet indicateur, indique une certaine méfiance persistante de la part des investisseurs, héritage de la montée de l’aversion au risque au début du mois d’août. Les deux indicateurs présentés dans la figure 1 ont généralement été alignés au cours des 18 derniers mois, mais cette fois-ci, ils divergent. Si l’engouement pour les actions l’emporte dans ce bras de fer, quel est encore le potentiel de hausse des marchés ?
Figure 1. Appétence au risque basée sur le marché et pourcentage d’actions au-dessus de leur plus haut niveau sur 200 jours (indice NYSE)
Sources : Bloomberg, LOIM, au 26 septembre 2024. A titre illustratif uniquement
Une marge d’amélioration
Il est toujours difficile d’évaluer le potentiel de hausse des marchés financiers à un moment donné, car les signaux d’évaluation sont complexes à construire. Néanmoins, nous avons récemment relevé ce défi en créant une superposition d’évaluation, que nous avons mise en œuvre dans nos portefeuilles cette année. Cette superposition repose sur l’idée simple de décomposer les prix des actifs en une partie « tendance » et une partie « cycle ». Ce dernier exprime la surévaluation ou la sous-évaluation des marchés par rapport à leur tendance. La définition de limites de surévaluation permet d’évaluer la cherté de ces actifs.
La figure 2 présente une estimation des progrès nécessaires pour que chaque classe d’actifs atteigne cette limite de surévaluation, afin de pouvoir déclarer ces classes d’actifs « trop chères ». Il reflète deux méthodes de calcul différentes : l’une basée sur une analyse de l’ensemble de la trajectoire historique des prix des actifs (c’est-à-dire à long terme) et l’autre sur les cinq dernières années (à court terme). La dernière mesure combine les deux sur un pied d’égalité. Selon nos calculs, les actions développées ont un potentiel de croissance proche de 15%, mais les matières premières sont les plus attractives dans ce contexte, avec un potentiel de croissance de 30%. Le crédit est proche de son niveau le plus élevé. L’essentiel pour le lecteur est de comprendre que, selon notre indicateur, des améliorations sont encore possibles en cette fin d’année, malgré des performances déjà très positives. Néanmoins, les prochaines élections américaines pourraient introduire un certain degré de volatilité au cours des prochaines semaines, de quoi maintenir le suspense jusqu’en novembre.
Figure 2. Performances à réaliser par classe d’actifs pour atteindre la limite du potentiel de croissance dans nos signaux d’évaluation multi-actifs
Sources : Bloomberg, LOIM. Uniquement à titre illustratif.
Ce que cela signifie pour All Roads
Ce changement de ton du marché a déjà eu un impact sur la répartition de nos stratégies. Bien que la superposition d’évaluation soit actuellement inactive, aucun marché ne clignotant actuellement en rouge, le reste de notre processus nous a amenés à augmenter notre exposition au marché, qui s’élève désormais à 160%1. Cette augmentation des investissements a principalement concerné les actifs cycliques, reflétant une volatilité réduite, des tendances plus distinctes et une amélioration des signaux macroéconomiques. La question de la valorisation finira par se poser, mais il semble qu’il s’agisse d’une préoccupation pour plus tard.
En termes simples, Simply put, si la valorisation du marché est une source d’inquiétude, il semble qu’il y ait encore de la place pour une amélioration.
Pour en savoir plus sur notre philosophie d’investissement multi-actifs fondée sur les risques, veuillez cliquer ici.
Coin macro/nowcasting
L’évolution la plus récente de nos indicateurs prévisionnels exclusifs pour la croissance mondiale, les surprises en matière d’inflation mondiale et les surprises en matière de politique monétaire mondiale est conçue pour suivre la progression récente des facteurs macroéconomiques qui influencent les marchés.
Nos indicateurs de prévision immédiate indiquent actuellement :
- Les signaux de croissance continuent de s’améliorer, les chiffres de cette semaine faisant état d’une progression de 59% d’un mois sur l’autre.
- Les pressions inflationnistes continuent d’augmenter, avec cette semaine 63% des données en hausse dans la zone euro et 67% aux Etats-Unis.
- Nos signaux de politique monétaire se sont atténués au cours de la semaine, l’indicateur américain s’établissant à 40%, conformément à la communication dovish de la Réserve fédérale
Croissance mondiale : long terme (à gauche) et évolution récente (à droite)
Niveaux de l’inflation mondiale : long terme (à gauche) et évolution récente (à droite)
Prévisions de politique monétaire mondiale : long terme (à gauche) et évolution récente (à droite)
Note de lecture : l’indicateur de prévision immédiate de LOIM rassemble différents indicateurs économiques à un moment précis, afin de déterminer la probabilité de survenance d’un risque macroéconomique donné, comme la croissance, les surprises en matière d’inflation et les surprises en matière de politique monétaire. Les indicateurs en temps réel vont de 0% (croissance faible, surprises en matière d’inflation modérées et politique monétaire accommodante) à 100% (croissance forte, risque élevé de surprises en matière d’inflation et politique monétaire restrictive.