investment viewpoints
La fin du conte de fées ?
- Depuis un certain temps, nous nous concentrons sur le risque d’un retour du protectionnisme que nous considérons comme un facteur de risque d'investissement important, au même titre que l’inflation, dans l'environnement actuel (voir "America First": the bear who might scare Goldilocks away). Nous avons aussi suivi de près les renégociations de l'ALÉNA depuis l'an dernier (voir NAFTA 2.0: the impact is unlikely to be contained to North America), car nous croyons qu'elles donnent un avant-goût de la politique commerciale de Trump. En ce sens, l'absence de progrès significatifs sur les principaux points de désaccord suggère que les États-Unis adoptent une position très ferme, voir intransigeante.Au cours des derniers jours, le spectre d'une guerre commerciale globale, déclenchée par les récentes annonces américaines, a été au cœur des préoccupations des marchés. La décision de l'administration Trump d'imposer de fortes taxes sur les importations d'acier et d'aluminium a pris de court les marchés. De plus, la rhétorique accompagnant l'annonce des taxes douanières et menée par le président Trump lui-même a été cinglante donnant lieu à une sorte d'effet domino où l'UE et le Canada ont réagit en adressant leurs propres avertissements.La probabilité d'une guerre commerciale globale a augmenté à la suite des récentes annonces faites par les États-Unis concernant leurs tarifs douaniers
- Deux éléments sont à prendre en compte par les investisseurs : le potentiel d'escalade et l’effet des signaux associés à cette décision
- Nous croyons qu’il pourrait s’agit d’un évènement isolé alors que Trump essaie de satisfaire ses supporteurs
- Cependant, nous ne pouvons pas exclure complètement la possibilité d'une guerre commerciale à grande échelle et réitérons la nécessité pour les investisseurs de chercher à se protéger contre les risques de marchés baissiers, surtout dans un contexte où la volatilité élevée est là pour rester
En soi, les taxes sur l'acier et l'aluminium ne sont pas significatives (ces secteurs représentant environ 1 % du PIB américain et 2 % du commerce mondial). Cependant, il y a deux éléments liés à cette décision, qui sont bien plus préoccupants.
Premièrement, cela peut déclencher un effet domino où certains pays pourraient réagir à ces mesures, conduisant à une spirale de représailles réciproques. Donald Trump a d’ores et déjà répondu à la réaction de l'Union européenne (UE) en invoquant la possibilité d’imposer une taxe à l'importation sur le secteur automobile de l'UE.
Deuxièmement, cette annonce pourrait aussi marquer un changement de paradigme dans la politique commerciale des États-Unis, augmentant la possibilité d'une guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. Les États-Unis sont déjà engagés dans une enquête pour violations de la propriété intellectuelle contre la Chine.
Compte tenu des tentatives de Trump de prendre ses distances par rapport à Steve Bannon, l'ancien stratège en chef de la Maison Blanche et « nationaliste économique », ces développements ont causé une certaine surprise.
Dans l'ensemble, la résurgence du protectionnisme mené par les États-Unis conduit à deux scénarios possibles. En attendant d’y voir plus clair, la situation demeure très incertaine.
Scénario bénin – Événement isolé alors que Trump essaie de satisfaire ses supporteurs
Jusqu'à présent, la politique économique américaine du président Trump a été axée sur des mesures visant à stimuler la croissance en réduisant la réglementation et les impôts. Ce dernier élan populiste n’est pas une nouveauté, en témoignent ses promesses d'un mur frontalier avec le Mexique et d'une « taxe d'ajustement aux frontières » qui ne se sont pas concrétisées malgré le discours. La clé ici est que les partenaires commerciaux des États-Unis interprète les taxes sur l’acier et l’aluminium comme une initiative isolée de la part de Trump et ne participent pas à l’émergence d'un cercle vicieux de représailles. La confirmation d’un quatrième mandat pour Merkel est une bonne nouvelle et la position de la Chine sera tout aussi importante. Si ces deux blocs clés ne réagissent pas de manière excessive, il y a de fortes chances que cela se termine par l'acier et l'aluminium qui ont, selon nous, un impact limité sur l'économie mondiale, mais restent des munitions utiles dans les discours à la rhétorique musclée.
Scénario négatif - Guerre commerciale à grande échelle
Nous avons déjà vu ce scénario après l'élection de Donald Trump en novembre 2016, alors que planait la menace d'une guerre commerciale sino-américaine. À l’époque, l'administration Trump n'avait pas donné suite à son discours préélectoral et les marchés s’étaient concentrés sur les politiques visant à réduire les impôts et la réglementation. Cependant, avec les taxes sur l'acier et l'aluminium, nous avons maintenant des mesures concrètes. Les deux éléments inquiétants de cette politique sont l'effet domino qu’elle pourrait générer en cas de réaction négative des partenaires commerciaux des États-Unis (en particulier l'UE) conduisant à un cercle vicieux de représailles et l’impact négatif que cela peut avoir sur les relations commerciales entre les États-Unis et la Chine. Ce qui rend ce scénario plus probable, c'est l'implication directe de deux faucons de la politique commerciale, Wilbur Ross et Peter Navarro, à l’origine de ce changement de politique qui semble contrecarrer les effets positifs du départ de Steve Bannon de l'administration Trump.
Implications sur l'investissement
Notre point de vue est que, contrairement à 2017, cette année ne se caractérise plus par un environnement d’investissement facile, comme le confirment les récents développements macro et géopolitiques. Le cycle économique mondial continue de montrer des signes de croissance solide mais nous nous attendons à ce que la volatilité des actifs risqués demeure élevée. De plus, il est probable que l'incertitude concernant la politique commerciale américaine persiste en attendant d’y voir plus clair. Nous pensons que la situation actuelle ne conduira pas à une guerre commerciale de grande ampleur, mais nous suivons de près les différents développements.
Sur le plan politique, nous avons eu de bonnes nouvelles avec la confirmation de la coalition entre le Parti social-démocrate allemand (SPD), l'Union chrétienne-démocrate (CDU) et l'Union sociale chrétienne en Bavière (CSU), qui apporte de la stabilité en Allemagne. Cependant, la forte percée du populisme en Italie, confirmée par les derniers résultats électoraux, ainsi que l'absence d'un parlement signifient que la problématique du populisme dans la zone euro est loin de disparaître.
Nous demeurons positifs sur les actifs risqués, notamment dans les marchés émergents, en raison du dynamisme de la croissance mondiale et parce que nous considérons que les tensions commerciales actuelles sont ponctuelles et ne marquent pas le début d'une nouvelle tendance. Cependant, nous continuons de souligner que l’augmentation de la volatilité des marchés est là pour rester (et qu'elle pourrait aussi influer de façon plus marquée sur les marchés émergents). Dans ce contexte, la protection contre les baisses de marché devrait être un attribut clé dans la construction du portefeuille d’investissement.
important information.
Document destine aux investisseurs professionnels uniquement.
Ce document est publié par Lombard Odier Asset Management (Europe) Limited, autorisée et supervisée par l'autorité de surveillance des services financiers (Financial Conduct Authority ou FCA) et enregistrée sous le numéro 515393 dans le registre de la FCA. Lombard Odier Investment Managers (“LOIM”) est un nom commercial.
En savoir plus.