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Plastic wrap : les multinationales ciblent la circularité
Christopher Tritten
Head of Private Equity
Alexandre Ouimet-Storrs
Senior Investment Manager
Felix Philipp, PhD
Senior Research Analyst, Materials and Circularity Lead
points clés.
Les multinationales Unilever et ExxonMobil1 font partie des grandes entreprises qui s’attachent à la circularité de la chaîne de valeur du plastique, en y consacrant GBP 230 millions et USD 200 millions respectivement
Les dernières innovations du secteur incluent la production à grande échelle d’un polymère super absorbant biologique et d’un biopolymère issu de bactéries présentes dans les eaux usées
Les politiques mises en œuvre incluent un programme de EUR 500 millions visant à inciter les entreprises à recycler en France, ainsi que l’élargissement des règles de responsabilité du producteur en Espagne, afin d’inclure les emballages industriels et commerciaux.
Au-delà d’une actualité négative en matière de durabilité (qu’il s’agisse des mesures prises par Donald Trump pour mettre fin aux subventions à l’énergie propre aux Etats-Unis ou encore du changement de stratégie de BP qui revient aux combustibles fossiles1), il est clair que l’innovation, le déploiement de capitaux et la croissance commerciale font toujours avancer la transition. Cela se constate dans la chaîne de valeur du secteur du plastique circulaire, où les investissements des multinationales, les avancées scientifiques et l’allocation du capital privé permettent de développer de nouvelles solutions commerciales à grande échelle. Une action politique durable soutient ces progrès, notamment avec les négociations pour un traité mondial juridiquement contraignant contre la pollution plastique, qui devraient reprendre lors de la deuxième partie de la cinquième session du Comité intergouvernemental de négociation (INC 5.2) à Genève en août prochain.
Dans cette nouvelle édition de Plastic wrap, nous parlons des transactions les plus importantes, des innovations, des avancées scientifiques et des progrès politiques essentiels à l’émergence d’une chaîne de valeur circulaire du plastique.
Transactions et investissements
1. Unilever1 vise la croissance en acquérant Wild
Le conglomérat des biens de consommation a annoncé son intention d’acquérir la marque de soins personnels Wild, dans le cadre d’une transaction de GBP 230 millions. La société britannique Wild a vu le jour en 2019. Axée sur la vente directe aux consommateurs, elle propose sur sa boutique en ligne des déodorants, des baumes à lèvres, des gels douche et des savons biodégradables dans un format rechargeable. Sa croissance a été rapide : selon la revue The Grocer, son chiffre d’affaires a augmenté de 77% en glissement annuel en 2023, atteignant près de GBP 47 millions, et ses ventes de déodorant ont plus que doublé au Royaume-Uni durant les neuf premiers mois de 20242.
2. ExxonMobil1 vise une expansion de USD 200 millions dans le recyclage du plastique...
Le géant pétrolier compte ajouter près de 160’000 tonnes de capacités de recyclage avancé dans ses centres situés au Texas. Le groupe investira plus de USD 200 millions afin d’élargir ses sites de Beaumont et de Baytown, les nouvelles unités devant être mises en service en 2026. Cette démarche s’inscrit dans un programme plus large visant à ajouter plus de 450’000 tonnes de capacités de recyclage avancé du plastique en Amérique du Nord, en Europe et en Asie d’ici 2027.
3. ...au moment où une joint-venture investit USD 135 millions dans un centre de recyclage en matières premières
En complément de son premier centre Cyclyx Circularity Center (CCC1), qui doit être mis en service à Houston (Texas) en 2025, Cyclyx, spécialiste de la conversion du plastique usagé en matière première, a confirmé la construction d’un second centre (CCC2) à Fort Worth. Joint-venture entre Agilyx (société de technologies de recyclage du plastique), ExxonMobil et LyondellBasell (multinationale de l’industrie chimique)1, Cyclyx compte investir USD 135 millions dans ce centre. Sa capacité lui permettra de produire environ 136’000 tonnes de matière première par an, à partir de déchets plastiques, à l’aide de technologies de recyclage mécanique et avancé.
4. Une entreprise de recyclage fonctionnant à l’énergie renouvelable obtient un capital d’amorçage
La société de biotechnologie MacroCycle Technologies a levé USD 6,5 millions de financement d’amorçage pour commercialiser sa technologie de recyclage du plastique. Sa technologie brevetée permet de convertir des déchets plastiques, y compris des bouteilles, des barquettes alimentaires et des textiles polyester, en PET vierge sans décomposer les polymères. Le processus, alimenté à l’énergie renouvelable, requiert selon la société 80% moins d’énergie que le recyclage traditionnel du plastique.
5. Une start-up spécialisée dans les emballages achève son premier tour de financement par fonds propres
La société allemande IonKraft, spécialisée dans les matériaux de haute technologie, lève EUR 3,5 millions lors de son premier tour de financement par fonds propres. Le processus de « dépôt chimique en phase vapeur assisté par plasma » breveté par la société consiste à appliquer un revêtement chimiquement inerte, non réactif et ultra fin aux plastiques d’emballage les plus courants. Le but est d’aider les fabricants d’emballages destinés aux secteurs de l’alimentation, de la pharmaceutique, des cosmétiques et des produits chimiques ménagers ou industriels à remplacer les emballages non recyclables, multicouches et fluorés par des alternatives recyclables et non contaminantes.
Activités des entreprises
1. Une société de biotechnologie californienne produit un polymère biologique à l’échelle commerciale
ZymoChem a confirmé avoir produit 45’000 litres de l’ingrédient clé de son polymère super absorbant biologique. Chaque année, nous produisons 4 millions de tonnes de polymères super absorbants à partir de combustibles fossiles, dont 90% sont destinés aux couches jetables et aux serviettes hygiéniques dans le secteur mondial des produits d’hygiène, évalué à USD 145 milliards. ZymoChem veut créer la rupture sur ce marché mondial, grâce à des solutions alternatives évolutives, sans microplastiques et entièrement compatibles.
2. Cadbury prévoit d’utiliser des emballages en plastique recyclé pour ses barres chocolatées
En s’associant à Amcor, Mondelēz International1 s’est engagé à utiliser environ 600 tonnes par an de plastique recyclé après consommation dans les emballages des barres chocolatées grand format de Cadbury au Royaume-Uni et en Irlande. Chaque année, environ 300 millions de barres seront conditionnées dans un emballage comprenant 80% de ce matériau recyclé, selon un bilan massique conforme à la certification ISCC (International Sustainability and Carbon Certification).
3. Des centres de tri de bioplastiques devraient voir le jour en Europe
ReBioCycle, une entreprise commune formée par l’Union européenne (UE) et le Bio-Based Industries Consortium, devrait lancer trois centres de recyclage de bioplastiques révolutionnaires aux Pays-Bas, en Italie et en Espagne, dans le but d’élaborer un modèle européen pour le surcyclage circulaire des bioplastiques. Financés par une subvention de EUR 7,5 millions du programme Horizon Europe, les centres testeront des technologies de tri avancées capables de séparer les plastiques biologiques de ceux issus des combustibles fossiles.
4. Un fabricant de robots de production alimentaire forge un partenariat pour créer un emballage durable
Circus, fabricant de robots de production et de service alimentaire (ou « systèmes de cuisine entièrement autonomes »), a forgé un partenariat mondial avec le fabricant d’emballages réutilisables Vytal1 afin de créer un système de bol réutilisable pour son robot de production alimentaire CA-1. Ce nouveau système remplacera les bols en papier jetables.
5. Coca-Cola1 renonce à sa promesse d’emballages réutilisables
Le géant des boissons est le dernier en date à renoncer aux objectifs précédemment établis en matière de durabilité. Le groupe a discrètement abandonné les promesses de réduction des plastiques vierges et d’augmentation des contenants réutilisables faites quelques années plus tôt. Sa stratégie « révisée » pour les emballages diminue ses objectifs de recyclage, se concentrant plutôt sur la sécurité hydrique et la réduction des émissions et des déchets.
1. Le marché du recyclage des bouteilles en PET devrait progresser de 70% d’ici 2034
Le marché du recyclage des bouteilles en PET connaîtra une croissance spectaculaire durant les années à venir, passant de USD 7,3 milliards en 2024 à environ USD 12,5 milliards en 2034, selon le cabinet d’études de marché et de conseil Exactitude Consultancy. Cette croissance découlera du renforcement de la réglementation, de l’optimisation des technologies et de l’augmentation de la demande des consommateurs, qui amélioreront les taux de collecte et les capacités de traitement.
2. Des biopolymères issus des eaux usées sont prêts pour la phase de production
Un groupe de chercheurs danois affirme avoir perfectionné un processus permettant de fabriquer des matériaux durables à partir des millions de tonnes d’eaux usées produites chaque année dans le monde. Une étude publiée dans le journal scientifique Current Opinion in Biotechnology explique comment les bactéries présentes dans la biomasse collectée auprès des stations de traitement des eaux usées peuvent être transformées en biopolymères offrant une alternative aux produits chimiques issus des combustibles fossiles.
3. Les textiles visés par l’économie circulaire
Le dernier rapport Circularity Gap Report sur l’écart de circularité vise à réformer l’approche « too poor, too much, too cheap » (trop de vêtements bon marché de mauvaise qualité) de l’industrie textile mondiale et à réduire de moitié son empreinte environnementale. Il définit des stratégies visant à stimuler le recyclage et à rendre le secteur trois fois plus circulaire.
Politique, réglementation et divulgation d’informations
1. Feu vert donné à un programme de EUR 500 millions en France pour stimuler le recyclage du plastique
La Commission européenne a approuvé, en vertu des règles de concurrence de l’UE, un programme français visant à fournir des aides d’Etat aux entreprises assurant le recyclage des déchets plastiques. Le programme fournira des subventions directes pouvant couvrir jusqu’à 40% des coûts du projet pour le recyclage de déchets plastiques mixtes et/ou contaminés, y compris de barquettes, films plastiques, bouteilles non alimentaires et textiles, en matières premières « vierges ». La Commission considère que « l’effet incitatif » du programme est « nécessaire et approprié » pour encourager le recyclage.
2. En Espagne, les règles sont élargies pour englober non seulement les emballages ménagers mais aussi les emballages commerciaux et industriels
L’Espagne a renforcé ses règles de responsabilité élargie du producteur, qui ne concernaient auparavant que les emballages ménagers mais incluent désormais les emballages commerciaux et industriels. En vertu de ces nouvelles règles, les conditionneurs, les importateurs et les plateformes de commerce en ligne seront obligés de financer la collecte et la gestion de leurs déchets d’emballage par le biais de systèmes individuels ou collectifs. La nouvelle réglementation inclut des objectifs de collecte et de recyclage généraux ou spécifiques à certains matériaux, des systèmes de consigne obligatoires pour les contenants réutilisables et des exigences de marquage.
3. Donald Trump revient aux plastiques à usage unique
Affirmant que les pailles en papier « ne marchent pas », le président américain a signé un décret exigeant des agences fédérales qu’elles achètent des pailles en plastique et assouplissent les règles relatives aux articles à usage unique. Cette décision renverse la politique de son prédécesseur, qui visait à ce que les agences fédérales abandonnent progressivement les plastiques à usage unique, d’ici 2027 pour les services de restauration, les événements et les emballages et d’ici 2035 pour toutes les activités fédérales.
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